Un méchant cancer du cerveau vient de faire taire à jamais l’une des voix les plus agressives et les plus belliqueuses aux Etats-Unis. La voix du sénateur John McCain à l’âge de 81 ans. L’homme est célèbre depuis son jeune âge, quand, pilote de l’US Army, il bombardait les Vietnamiens au Napalm. Par la suite il est tombé prisonnier entre les mains de ses victimes.
Bien qu’ils l’aient torturé, les Vietnamiens ne l’avaient pas condamné à mort pour ses crimes de guerre. Mieux encore, répondant aux sollicitations de l’Union soviétique qui les pressaient de faire un geste de bonne volonté. Ils avaient libéré McCain après cinq ans de détention. Alors que la guerre faisait toujours rage et que des centaines de milliers de soldats américains continuaient de semer la mort et la destruction au Vietnam.
Pour tout homme doté d’un minimum de sagesse, l’épisode vietnamien l’aurait transformé en homme de paix et en adversaire de la guerre. Mais n’est pas Mandela qui veut. McCain quitta sa prison vietnamienne le cœur plein d’aigreur, de haine et de violence. Il soutenait de toutes ses forces la poursuite de la guerre contre le Vietnam. Il en voulait à mort aux pacifistes américains qui «en obligeant l’Amérique à se retirer du Vietnam ont volé notre victoire qui était à notre portée». C’est ainsi qu’il se lamentait après la chute de Saïgon le 30 avril 1975 et l’humiliante retraite de l’US Army.
Pendant la Guerre froide, McCain était l’une des voix les plus agressives qui appelait à l’intransigeance vis-à-vis de l’Union soviétique et à son «containment». Il a oublié que sans l’intervention de l’URSS auprès des autorités vietnamiennes, il serait peut-être mort en détention.
John MacCain et ses ardeurs belliqueuses
La chute du mur de Berlin, l’effondrement de l’URSS et la fin de la Guerre froide n’avaient pas tempéré les ardeurs belliqueuses de McCain. L’anti-soviétique virulent n’a pas perdu de temps pour devenir un anti-russe militant. Il galvanisait par ses discours belliqueux le sentiment anti-russe dans les anciennes républiques soviétiques. Il a poussé la Géorgie et l’Ukraine à adopter des politiques aventureuses contre Moscou, avec les résultats désastreux que l’on sait en Géorgie en 2008 et en Ukraine en 2014.
En 2003, il était l’un des faucons à soutenir et à encourager George W. Bush dans son aventurisme militaire en Irak. Bien qu’il ait reconnu quelques années plus tard que l’invasion de l’Irak était «une erreur». Toutefois, il avait mené campagne et soutenu fermement les guerres d’agression contre la Syrie et la Libye en 2011.
Pendant les troubles et l’anarchie déchaînés par le printemps arabe, McCain a sillonné le Moyen-Orient et l’Afrique du nord. C’est ainsi qu’il a signifié son soutien et celui de l’Amérique aux Frères musulmans, et ainsi aux groupes terroristes là où ils sont en guerre contre les régimes en place. Le choix américain de la carte des Frères musulmans et du terrorisme islamiste pour déstabiliser le monde arabe est symbolisé entre autres par la célèbre photo de McCain et du 6e Calife tombant dans les bras l’un de l’autre…
John McCain est-il la quintessence du héros américain ?
Dans un article intitulé «John McCain and the the warrior spirit in the American foreign policy» (John McCain et l’esprit guerrier dans la politique étrangère américaine), le journaliste américain Justin Raimondo écrit : «McCain, plus que n’importe quel politicien républicain depuis Teddy Roosevelt, représentait l’esprit guerrier qui anime la politique étrangère américaine et domine toujours la pensée de notre classe politique.»
Le journaliste Justin Raimondo et son site ‘’antiwar.com’’, avec leurs voix discordantes et leurs attitudes anti-establishment, ne font pas partie du Main Stream Media aux Etats-Unis. Les grands journaux et les grandes chaines américaines ont réservé un large espace à la mort de John McCain considéré comme «la quintessence du héros américain».
Quand, dans le Main Stream Media les hommages et les louanges fusaient à n’en plus finir. Les commentateurs du New York Times, du Washington Post et de Fox News nous décrivent ce boutefeu comme un bienfaiteur. Celui-ci a toujours cherché à exporter dans le reste du monde le bien américain le plus précieux. Il s’agit de la démocratie américaine, celle-là qui a fait le bonheur des Irakiens, des Syriens, des Libyens et des Yéménites…
Les plus chagrinés par la disparition de McCain se lamentent que l’ «Amérique ne produira plus un homme d’une telle envergure…» Fort heureusement, serait-on tenté de répondre. Les conflits ravagent tellement le monde que nous ne souhaiteront pas voir naître des hommes comme McCain. Celui-ci a, durant toute sa vie, fait la promotion de la guerre et de l’agression des faibles par les forts.