Trouver du pain tabouna traditionnel aujourd’hui à Tunis ou même dans certaines régions de la Tunisie est devenu chose rare. Pourtant , beaucoup de boulangeries vendent du pain tabouna. Mais ce dernier est une piètre imitation du pain tabouna traditionnel. Pourquoi ne pas protéger notre patrimoine national ?
Le pain tabouna , une tradition qui disparait peu à peu
Il est révolu le temps où on voyait de loin de la fumée sortir d’un four tabouna, où on sentait le vrai pain tabouna cuire. Ces odeurs de pain cuit au feu de bois réveillaient nos papilles. Auparavant, les femmes rurales devaient savoir cuire le pain traditionnel, il devait adhérer aux parois du four en terre cuite et quand il était cuit, il fallait juste le sortir. Les femmes se réveillaient à l’aube pour le préparer afin que leur mari et leur enfants puissent le manger chaud au petit déjeuner souvent accompagné avec de l’huile d’olive et des olives noires confites.
Jadis, avant l’apparition des boulangeries et des patisseries, ce pain était trés répandu mais aujourd’hui seules quelques familles continuent à le préparer régulièrement . Notre mode de consommation a changé, nous achetons des baguettes subventionnées trop salées ou des baguettes aux céréales des boulangeries ou des grandes surfaces et les pains tabounas vendus dans les boulangeries sont cuits dans le four électrique. De plus, récemment avec l’apparition des machines à pain. Cuire du pain maison est devenu très simple . Nous sommes ainsi en train de perdre nos traditions et notre patrimoine culturel au profit de traditions d’autres pays. Pourquoi n’essayons- nous pas de protéger et de valoriser ce patrimoine culinaire qui fait notre richesse ? On peut organiser des foires ou des journées pour valoriser ce patrimoine.
La Tabouna, plus que du pain , tout un art!
Nous avons rencontré Madame Halima à El Haouaria qui nous a expliqué l’art de la Tabouna. « Pour préparer ce pain , il faut mettre les ingrédients suivants . Personnellement je mets 500 g de farine, 500 g de semoule fine, 20g de sel, 50 g de levure fraiche, 5 cl d’huile d’olive et 20 g de graines de fenouil.
Ensuite, je mélange tous les ingrédients avec de l’eau avec les paumes des mains pour obtenir une pâte un peu épaisse. Je laisse cette pâte reposer au moins 30 minutes. Une fois la pâte bien levée, je façonne de petites boules que j’aplatis à l’aide d’un rouleau.
Entre temps, je mets des petites branches de bois chauffer à l’intérieur du four (tabouna) . Une fois que le four est prêt, j’applique la pâte sur les parois latérales intérieures. La cuisson dure de 10 à 15 minutes. Une fois cuit le pain se décolle tout seul. »
« Si les femmes boudent aujourd’hui ce pain , c’est qu’il n’est pas facile à faire. Imaginez en été, faire du pain dans cette fournaise devient insupportable. J’enlève le pain à la main, et voyez en fin de journée j’ai les doigts brûlés ».conclut-elle.
Enfin, promouvoir nos traditions culinaires pourrait permettre à ces femmes rurales d’avoir un revenu et même un statut d’artisane.