Alors que l’année 2018 tire à sa fin, économistes, entreprises et particuliers commencent à réfléchir sur le projet de loi de finances pour 2019. Les organisations nationales ont déjà préparé leurs suggestions.
En vue d’exposer les grandes lignes du PLF 2019 et permettre aux organisations intéressées d’exposer leurs griefs et revendications, la Présidence du gouvernement a tenu une conférence nationale au palais des congrès, hier 14 septembre, en présence du chef du gouvernement Youssef Chahed.
L’événement a été marqué par l’absence de la centrale syndicale. En effet, aucun représentant de l’UGTT n’a répondu à l’invitation. D’ailleurs, l’UGTT a publié sur sa page officielle du réseau social Facebook une correspondance destinée au chef du gouvernement, en date du 7 septembre.
L’UGTT a indiqué, dans la même correspondance, que le programme de la conférence ne répond pas à ses attentes. En effet, la centrale syndicale considère que les priorités sont la promotion de l’emploi, l’évasion fiscale, le sauvetage des entreprises publiques, l’amélioration du niveau des services publics, notamment la santé et l’éducation et la réforme du secteur bancaire. Par contre, l’UTICA et l’UTAP ont répondu présents.
Ridha Chalghoum dévoile les grandes lignes du PLF 2019
Pour placer le sujet dans son contexte, le ministre des Finances, Ridha Chalghoum, a dévoilé les prévisions du projet de loi de finances 2019. Il s’agit d’un taux de croissance à 3,1% et un prix du baril de pétrole aux alentours de 72 dollars. Quant au budget 2019 de l’Etat, il est aux alentours de 40.662 MD. Il est également prévu que le gouvernement réduise le déficit budgétaire de 4,9% en 2018 à 3,9% en 2019 et à 3% en 2020.
De même, le ministre des Finances ne manque pas d’annoncer que le taux d’endettement pourrait baisser de 71,9% actuellement à 70,9% en 2019. Il a fait savoir que le service de la dette passera de 7.841 MD en 2018 à 9.307 MD en 2019.
De son côté le ministre du Commerce, Omar El Behi, affirme qu’il faut s’attaquer aux réformes de la Caisse de compensation. Il faut agir de telle sorte que la compensation atteigne les personnes qui en ont réellement besoin. Le ministre, dans ce cadre, propose le passage de la compensation du produit à la compensation des personnes bénéficiaires. De plus, il considère que le système de la compensation tel qu’il est conçu favorise la corruption.
Quand l’UTICA plaide pour un projet de loi de finances 2019 au profit de l’entreprise
Quant à Samir Majoul, le président de la centrale patronale, il a affirmé que le secteur privé s’attend à la prise de mesures qui ne restent pas lettre morte. Comme pour les précédentes LF. Pour lui, l’enjeu principal n’est autre que la reprise de la croissance et l’investissement, seuls vecteurs pour le rétablissement de la confiance.
Ses propositions sont une lutte sérieuse et efficace contre le secteur informel, la révision à la baisse de certaines taxes, la réduction de la pression fiscale et une meilleure maîtrise des dépenses publiques.
Au passage il ne manque pas d’étriller les députés en leur rappelant que les deux précédentes LF ont causé beaucoup de tort aux entreprises. Il leur a demandé d’oublier les tractations politiques quand il s’agit de l’intérêt du pays et des dossiers économiques. Samir Majoul recommande en outre de mettre en place une procédure spéciale pour accélérer l’adoption de projets de loi économiques.
Les agriculteurs ont aussi leur mot à dire
Le président de l’UTAP ne manque pas d’élever la voix pour revendiquer plus d’avantages et d’incitations au profit des agriculteurs. Il a regretté que les dernières lois de finances n’aient fait qu’aggraver la situation pour les agriculteurs.
Concernant la LF pour 2019, il soutient qu’une transformation réelle de l’économie ne peut se faire sans l’apport de l’agriculture et de la pêche. L’intervenant affirme qu’il faut soutenir la production et non la consommation et équilibrer les importations par rapport aux exportations. Les revendications : faire table rases des dettes des agriculteurs de moins de 10.000 dinars, soutenir la production, publier rapidement les textes d’application relatifs aux décrets d’application concernant le fonds dédié aux catastrophes naturelles et l’augmentation de la prime de carburant dans le domaine agricole.
Le président de la centrale agricole demande également la mise en place d’une Caisse de la santé des animaux. Il revendique une exonération des agriculteurs de la TVA sur les contrats d’assurances. Ainsi que la mise en place d’un système adéquat pour la couverture sociale des agriculteurs et des pêcheurs.