Le Pr. David Khayat, le cancérologue le plus réputé de France, jette un regard original sur l’une des causes du cancer. L’analyse de facteurs qui déclenchent ce mal du siècle comme le stress et la généralisation de traitements prometteurs est une piste sérieuse pour mieux comprendre cette terrible maladie dite invincible.
Dans son livre événement « Vous n’aurez plus peur du cancer », qui sera disponible en librairie à partir du 19 septembre 2018. Le Pr David Khayat est natif de Sfax, chef du service d’oncologie médicale de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Auteur de plusieurs ouvrages scientifiques et ancien organisateur du Sommet Mondial contre le Cancer à l’Unesco, il nous raconte l’histoire d’une jeune fille qui est morte avant ses 29 ans. Pourtant, son cancer était sous contrôle depuis sept ans. Et puis, tout à coup, son corps est devenu systématiquement résistant à tous les médicaments, à la radiothérapie, à toutes les thérapeutiques.
Un monde qui s’effondre
Pourquoi ? Quatre mois avant sa mort, son mari l’avait quittée. Un départ brutal que le mari n’a même pas expliqué à son épouse. Et c’est le monde qui s’effondre avec son lot de solitude, de la prise de conscience d’être seule au combat. Alors, face à cette immense douleur, son corps avait en quelque sorte décidé de se suicider. En cessant de lutter contre le mal, autorisant ainsi le cancer à gagner le combat.
Le stress, un tueur en série
Qui est responsable de la mort de la jeune femme ? Le stress…mais comment expliquer biologiquement l’impact du stress sur le cancer ? « Le terme stress, écrit le Pr Khayat, constitue l’ensemble des réponses mentales, émotionnelles et physiques de l’organisme. Soumis à des contraintes ou à des pressions. Ces réponses dépendent toujours de la perception qu’a l’individu des pressions qu’il ressent. Aujourd’hui, après quarante ans d’expérience, j’affirme qu’il existe un lien entre stress et cancer. Ce que nous pouvions pressentir, subodorer est désormais une chose établie. Toute la question est de comprendre pourquoi et comment le stress est la gâchette! ».
Des cas concrets
Pour étayer cette thèse, l’auteur du livre cite une étude finlandaise parue en 2003. Qui met en exergue la dangerosité du stress: 10.808 femmes ont été suivies pendant vingt-deux ans, toutes ont vécu des circonstances particulièrement stressantes (divorce, séparation, deuil conjugal, perte d’un être proche).
Résultat ? 180 cancers du sein ont été diagnostiqués. L’existence d’au moins un antécédent de stress avait augmenté le risque de cancer du sein de 35 %. Plus encore, le divorce ou la séparation multipliaient le risque par 2,2 – la mort du mari par 2 et la mort d’un parent très proche de 35 %.
A noter que les hommes ne sont pas épargnés. En 2016, une étude britannique établissait le lien entre anxiété généralisée et le risque de mourir d’un cancer chez plus de 15.000 Anglais âgés de plus de 40 ans. En effet, l’anxiété, une forme sévère de stress, provoque un doublement de la mortalité par cancer.
« Je suis intimement convaincu qu’il existe un lien entre émotions cellulaires – et donc nos émotions propres – et le cancer. Ce lien s’explique par l’intelligence cellulaire. Alors, si mes cellules souffrent, il est logique qu’elles fassent advenir en moi une manière de ne plus subir cette souffrance », explique l’éminent cancérologue.
L’œuf et la poule
Reste une observation fondamentale : si le stress n’est pas cause de cancer, le cancer est sans doute cause de stress. Tout au long du parcours en oncologie, la gestion du stress sera désormais un des objectifs de prise en charge globale du cancer.