Le documentaire long métrage, Papa Hédi The man behind the microphone, est un travail qui conjugue à la fois l’histoire intime de sa réalisatrice d’une part; le parcours artistique de Hédi Jouini et une partie de l’histoire de la Tunisie, d’autre part. Trois parcours qui se croisent dans ce documentaire.
En effet, la productrice tuniso-britanique Claire Belhassine n’a jamais connu l’autre facette de son grand-père Hédi Jouini. Pour elle, c’est le grand père qu’elle visitait avec sa famille chaque été, à Tunis. Quelques années plus tard, alors qu’elle était en taxi, à Paris, elle entend une chanson tunisienne à la radio. Envoûtée par la musique, elle demande au chauffeur le nom du chanteur. A sa grande surprise, le chanteur n’est autre que son grand-père Hédi Jouini.
Il est question dans le film de Hédi Jouini, le grand-père. Mais il est aussi question de Hédi Jouini derrière le microphone que la réalisatrice n’a jamais connu. Ainsi, un long périple de découverte a commencé pour elle. Ce n’est pas uniquement le périple de la réalisatrice vers ses souvenirs lointains pour dévoiler une nouvelle facette de la vérité. Mais c’est aussi le voyage du spectateur dans l’univers musical et intime de Hédi Jouini et un voyage dans l’histoire de la Tunisie, depuis les années 30 jusqu’à la mort de l’artiste en 1990.
La Caméra à la recherche de Papa Hédi
Pour mener à bien son travail artistique, la réalisatrice a du se déplacer à Tunis, en Californie, à Londres et Paris où habitent ses oncles. A Tunis, elle rencontre plusieurs musiciens et historiens qui lui ont fait découvrir la richesse du patrimoine musical de l’artiste. Sa petite-fille se rend compte de l’homme qu’était son grand-père. L’aspect autobiographique, historique et musical sont indissociables. Ils sont intimement liés. Dans chaque visite dans un pays, la réalisatrice/ petite-fille multiplie les questions à ses oncles. Ainsi petit à petit, la réalisatrice commence à reconstituer les morceaux du puzzle.
Ainsi, Hédi Jouini a vécu avec une tunisienne de confession juive. Il n’a jamais évoqué ses origines. Cette femme a dû abandonner son talent musical pour prendre soin de sa famille. S’ajoute à cela que Hédi Jouini était de nature ferme et qu’il l’a empêchée de chanter. Les témoignages des fils de l’artiste exposent un artiste séducteur très aimé des femmes. Sur ces détails et bien d’autres, le documentaire revient. Le spectateur se sent encore plus proche de cette fierté musicale nationale.
Par ailleurs, si le film a pu voir le jour, c’est grâce au soutien de la Fondation Rambourg. La présidente de la fondation, Olfa Rambourg, a confié à leconomistemaghrebin.com qu’en 2015 la réalisatrice a contacté la fondation pour avoir un soutien matériel. Elle a regretté que le film n’ait pas bénéficié de soutien tunisien, alors qu’il a bénéficié de soutien britannique et d’un peu de financement du Koweït.
Olfa Rambourg considère que le documentaire sera bien reçu par les Tunisiens. Grâce au financement de la fondation, la réalisatrice a pu terminer la phase de post-production et préparer le film en octobre 2017. Dans une déclaration à leconomistemaghrebin.com, Claire Belhassine affirme que toutes les histoires du films sont reliées. La politique traverse le film de bout en bout.