Et si on puisait dans le potentiel culturel et artistique des ouvriers? Telle est l’idée du projet « L’ouvrier créatif. » Ce projet fait partie du programme «Tfanen – Tunisie créative».
Il est financé par l’Union européenne, dans le cadre du Programme d’appui au secteur culturel en Tunisie. Par ailleurs, il fait partie d’un partenariat entre le réseau des institutions nationales de la culture de l’Union européenne et le British Council, la partie exécutive.
D’ailleurs, le projet cible le théâtre. Ainsi, l’objectif principal est l’intégration et la formation de 15 ouvriers et ouvrières de différentes usines de la région de Ben Arous dans le domaine de la communication, de l’expression et la pratique du théâtre. L’objectif est d’acquérir des compétences artistiques et la possibilité d’évoquer leurs problèmes par la pratique de l’expression corporelle et de la parole, à travers le timbre de voix, les intonations et les accents. La clôture se fera en beauté. Suite à leur formation, les ouvriers mettront en scène une pièce théâtrale écrite et jouée par leurs soins. Il est prévu que la pièce de théâtre fasse le tour de plusieurs régions tunisiennes.
L’ouvrier créatif : quand les ouvriers s’arment de théâtre
En effet, les objectifs du programme sont éducatif, culturel et pédagogiques à la fois. Le projet permettra aux ouvriers de différentes usines de se rencontrer hors de leur cadre de travail, pour atténuer leurs pressions psychologiques, économiques et sociales. Il est également question de leur fournir un espace de dialogue, où trouver des solutions possibles, à travers le théâtre.
Alors que pour les organisateurs du projet, ils aspirent à la réalisation de différents objectifs:
- Traitement de la dépression et de l’absorption de la colère par le dialogue;
- Renforcement de la confiance en soi et en son potentiel;
- Transformation d’un travailleur d’un outil de production en acteur et partenaire dans le processus de production;
- Sensibilisation du travailleur en tant que propriétaire d’un projet et responsable de la communication de ses préoccupations et de ses problèmes et solutions par le biais d’une présentation théâtrale offerte;
- Promotion d’une culture de dialogue positif entre les composantes de l’établissement industriel;
- Consécration de la décentralisation culturelle à travers une série de présentations au sein de la République.
Généralement, le syndicat prend la peine d’encadrer les ouvriers dans les mines et les usines. Mais cette fois, il ne s’agit plus de syndicat et de revendication matérielle. La culture va déployer ses ailes sur les usines. Quoi de plus beau que ce mariage heureux entre le monde du travail et celui de la culture.
Il est à rappeler, par ailleurs, que l’univers des ouvriers et leur militantisme a inspiré plusieurs écrivains. A l’instar de La Mère de l’écrivain russe Maxime Gorki (1907) et Germinal (1885) de l’écrivain français Emile Zola.