Le niveau de la corruption a-t-il augmenté en Tunisie ? Comment est-il perçu chez les hommes d’affaires et chez les membres de l’administration ? Chez les juges ? Chez les députés ? Le tunisien est-il encore convaincu de son rôle dans la lutte contre la corruption? Croit-il en la performance des autorités suite à une dénonciation ? Perçoit-il un risque dans la dénonciation ?
Pour répondre à ces questions, l’équipe d’Afrobaromètre en Tunisie, conduite par One to One for Research and Polling, s’est entretenue avec 1200 Tunisiens répartis sur 24 gouvernorats.
Selon une enquête récente d’Afrobaromètre, six Tunisiens sur 10 affirment risquer des représailles en rapportant des actes de corruption. Alors qu’une proportion équivalente pensent que les citoyens ordinaires peuvent contribuer à lutter contre la corruption.
En effet, les citoyens ne s’entendent pas quant à savoir si les autorités réagiraient en cas de dénonciation de tels incidents.
Par ailleurs, l’enquête a souligné que 70% des Tunisiens affirment que le niveau de corruption dans le pays a augmenté par rapport à l’année précédente.
De ce fait, la corruption est classée à la troisième place des problèmes les plus importants auxquels les citoyens voudraient que le gouvernement s’attaque.
Corruption : 20% affirment avoir versé des pots-de-vin
Selon One to One, les sondés trouvent que les efforts du gouvernement sont insatisfaisants dans la lutte contre la corruption.
Les résultats de l’enquête montrent que 30% des Tunisiens estiment que « les fonctionnaires du gouvernement et les parlementaires sont perçus comme étant les dirigeants les plus corrompus« .
Tandis que la police est l’institution que les citoyens reconnaissent corrompre le plus fréquemment.
Parmi les répondants qui ont eu affaire à des services publics durant l’année précédente, presque 20% affirment avoir versé des pots-de-vin au moins une fois. Ainsi, ils sont 17% afin d’éviter des problèmes avec la police ou 15% pour obtenir l’assistance de la police (15%). 12% affirment avoir versé des pots-de-vin au moins une fois afin d’obtenir des pièces d’identité, 11% pour des soins médicaux, 10% des services ménagers, ou des services dans les écoles publiques (8%).
Aussi bien les personnes riches que les personnes ordinaires, dans une moindre mesure, pourraient verser des pots-de-vin. Ils peuvent aussi se servir de leurs connaissances personnelles pour obtenir illégalement des avantages, dénote l’enquête.
Les perceptions de la corruption officielle étaient l’une des principales raisons de la vague de manifestations de 2010-2011. Suite à quoi le Président Ben Ali s’est enfoui.
Sept ans après ces manifestations, la Tunisie n’a toujours que 42 points (sur 100) sur l’indice 2017 de corruption perçue de Transparency International. Elle s’est classée 74è sur 180 pays, marquant un changement imperceptible par rapport à la 73è place de 2011.