Plusieurs personnes ne connaissent pas Denis Mukwege mais cet homme est un héros . Le Nobel de la Paix n’est pas la seule récompense pour Denis Mukwege.
Il a déjà reçu d’autres prix (le prix Sakharov, le Nobel alternatif…). Ce médecin « répare » depuis plus de 15 ans les femmes violées et maltraitées par la guerre dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC).
A ces femmes Denis Mukwege donne plus que de l’amour, il répare aussi leurs âmes et leur rend leur dignité.
Denis Mukwege : son parcours
Comme il l’avait confié lors d’une interview au Magazine de la Santé en 2016, le Dr Denis Mukwege rêvait d’être pédiatre mais il a changé d’avis et a choisi la gynécologie et l’obstétrique lorsqu’il a constaté que beaucoup de femmes au Congo gardaient des séquelles après leur accouchement. Ses études de médecine il les a faites au Burundi et sa spécialité à Angers en France. En 1999, il a fondé l’hôpital de Panzi à Bukavu, la capitale de la province du Sud-Kivu.
Son but était tout d’abord de permettre aux femmes d’accoucher dans de bonnes conditions. Mais avec la deuxième guerre du Congo (1998-2003) et l’augmentation du nombre de viols, en tant que médecin, il ne pouvait renier le sermon d’Hippocrate. Par conséquent il a décidé de soutenir ces femmes qui subissent les violences de la guerre.
« J’ai créé l’hôpital de Panzi dans le but de lutter contre la mortalité maternelle. Cependant, la première personne que j’ai dû soigner est une femme qui est venue après avoir été sauvagement violée par plusieurs personnes. Je pensais que c’était un cas isolé malheureusement on compte aujourd’hui par dizaines de milliers des femmes qui sont soignées à l’hôpital pour les mêmes raisons. »
« Cela nous a pris un peu de temps pour comprendre qu’au Congo le viol est une arme de guerre. C’est une arme par excellence qui détruit le tissu social. Détruire une femme c’est aussi détruire son foyer. C’est une arme pas chère et très efficace avec des conséquences sur les générations à venir « , avait alors déclaré Dr Denis Mukwege en 2016.
Il a ajouté : « Notre travail n’est pas seulement de réparer physiquement ces femmes . Nous avons remarqué un grand taux de suicide et nous sommes passés à la phase 2 qui est la prise en charge psychologique. Les psychologues voient ces femmes avant leur opération et après. Mais après leur retour à leur communauté, elles sont rejetées. D’où le pilier 3, soit la prise en charge socio-économique. Les femmes deviennent plus fortes et autonomes et peuvent demander réparation. Elles portent plainte avec l’aide de juristes et d’avocats de notre centre. »
Denis Mukwege : l’homme qui répare les femmes
Un documentaire lui a été consacré « l’homme qui répare les femmes : la colère d’Hippocrate » en 2016
« Dans les zones de conflit, les batailles se passent sur le corps des femmes. Je suis témoin de ces atrocités commises et je ne peux pas rester les bras croisés. Comment pouvons-nous nous taire? « , avait-il dit en 2013 en recevant le prix Nobel alternatif en 2013 .
Il partage avec Nadia Murad la co-lauréate du prix Nobel de la Paix, le combat pour la communauté yazidie puisqu’il a appelé à lutter contre la stigmatisation des femmes yazidies violées.
Aujourd »hui, c’est dans la salle d’opération de l’hôpital de Panzi qu’il avait appris la nouvelle.
« J’ai la joie, car le monde reconnaît les combats que nous menons depuis tout ce temps en faveur des femmes victimes, actuellement survivantes de viols et violences sexuelles en République démocratique du Congo », avait-il dit alors.