Pour le moment, le retard du processus constitutionnel en l’absence de la mise en place de la Cour Constitutionnelle pèse sur le paysage politique. Quelles sont les conclusions à tirer?
Fadhel Mahfoudh, ancien Bâtonnier de l’Ordre des Avocats souligne. « l’installation de la Cour Constitutionnelle est très importante à la fois pour le mécanisme et les rouages de l’Etat et pour le citoyen. Vous savez selon la loi constitutionnelle, le citoyen peut se défendre en évoquant l’exception d’inconstitutionnalité lors d’un procès » .
Et de poursuivre : « C’est un recours donné au citoyen pour qu’il puisse se défendre. Et penser qu’en effet il y a des lois anti constitutionnelles actuellement comme les quelques dispositions du code pénal ».
Selon M. Mahfoudh, il faut trouver un accord avec les partis politiques, tout en insistant sur la neutralité des membres de la Cour Constitutionnelle. Il précise : « Trouver des personnes compétentes adéquates, des personnes neutres sans aucune attache politico-politicienne ou connotation politico-politicienne ».
Autre élément, faire face à l’inconstitutionnalité des lois, il y va du rôle des partis politiques pour dénoncer. La question se pose toujours : quels rôles doivent jouer les partis politiques? A cette question, il a répondu : « Dans la mesure où on se met d’accord autour des grands axes ( le régime politique dans 30 ans etc…) je suis pour le dialogue »
Et de poursuivre: « En clair, déballer tout sur la table autour d’un consensus noble, le compromis noble et non le compromis de la compromission ou des petites combines ».
Fadhel Mahfoudh : la culture du consensus n’est pas née d’aujourd’hui
Selon M. Mahfoudh, la culture du consensus en Tunisie n’est pas née d’aujourd’hui. Il souligne: « On l’a connu depuis 2011. Cette culture vire à la compromission des histoires politico-politiciennes et des calculs partisans ».
Quant au rôle des partis politiques, M Mahfoudh a indiqué: » Je pense qu’une vie démocratique saine a besoin de partis politiques forts. Ils doivent être eux-mêmes démocratiques comme ils l’entendent. Et ils doivent avoir des programmes qui peuvent intéresser le citoyen ».
De façon plus explicite, il faut que les citoyens s’imprègnent de la vie politique « . Et « il n’ y a qu’une seule manière de gérer le pays, c’est la démocratie », a-t-il fait savoir.
Il conclut: « Il faut que le citoyen ait conscience de ce geste citoyen à savoir celui de voter parce que l’absentéisme ne donnera pas le choix d’avoir une réelle légitimité. C’est à dire je préfère avoir un taux de participation de vote élevé atteignant 70% qu’un taux faible de 10% par exemple ».