La rentrée était plus que difficile pour le marché actions tunisien. Le 3 septembre 2018, l’annonce de possibles changements réglementaires pour les établissements de crédit a eu un effet de bombe. Depuis, le Tunindex ne cesse de perdre des plumes.
Cinq semaines depuis la reprise, cinq baisses ! Il faut remonter à de longues années pour tomber sur une telle série négative pour la Bourse de Tunis. L’indice phare de la Place a perdu 819.25 points depuis la fin du mois d’août, soit 24 séances.
Le Tunindex ne cesse de perdre des plumes
En termes de capitalisation boursière, la perte se chiffre à 2.524 milliards de dinars. La dégradation n’a quasiment épargné aucun secteur. Les banques restent les premières responsables de cette chute puisqu’elles pèsent pour plus de 50% de l’indice.
Sur le mois de septembre, elles ont reculé de 9.47%. Un repli auquel il faut ajouter 2.95% sur la seule première semaine d’octobre. La locomotive du marché est en manque de carburant, la situation globale se détériore donc logiquement.
Le cocktail mortel
Nous n’avons cessé de rappeler que le bénéfice des banques est loin d’être sincère. Le Produit Net Bancaire n’a jamais été le paramètre de référence. Pour un établissement de crédit, c’est le coût du risque et le respect des ratios prudentiels qui comptent.
En effet, profitant d’un cadre réglementaire clément, les banques ont vécu quelques années glorieuses et le marché leur a octroyé une prime les qualifiant d’ « infaillible ». La première manœuvre de la BCT a montré la limite de ce raisonnement.
Par ailleurs, les investisseurs se rendent comptent aujourd’hui qu’il faudra mettre la main à la poche pour renflouer les caisses des banques qui vont faire appel à leurs actionnaires. Mais qui est prêt à le faire ? C’est un autre défi qui attend le secteur. Il faut se préparer dès maintenant à des déceptions. Un benchmark existe déjà : la durée nécessaire pour clôturer un emprunt obligataire, dont le rendement frôle les deux chiffres. Que dire alors des actions qui, par défaut, sont plus risquées.
En outre, le marché s’est également aperçu de la gravité du schéma qui se dessine. Les banques qui, dorénavant, seront plus sélectives en matière d’octroi de crédits, auront des bénéfices en décélération dans le meilleur des cas. Les entreprises auront un moindre accès aux ressources, même celles de la cote. Elles doivent payer cher aussi bien les emprunts qu’elles ont eus auparavant que ceux nécessaires à leur croissance.
Ainsi, soit elles choisissent de se contenter des volumes de business actuels, tout en assurant les charges financières existantes, soit elles prennent le risque de continuer le développement en acceptant de payer plus.
En tout état de cause, dans les deux cas de figure, les bénéfices seraient mis sous pression. Le taux de défaut serait plus que jamais sur une tendance haussière. Nous vous donnons rendez-vous lors de la publication des comptes annuels des compagnies de leasing pour constater concrètement l’ampleur du phénomène. Cela signifie plus de provisions et donc moins de gains et de dividendes.
L’effet de change pèse
A cela, il faut ajouter l’effet de change. A part les banques, qui continuent à en tirer profit, et les entreprises exportatrices, toutes les autres entités économiques en souffrent.
De plus, les pertes de change sont devenues un casse-tête pour tous les financiers. Ils n’arrivent plus à trouver les moyens de se couvrir contre ce risque.
Incapables de répercuter totalement l’impact de ces variations sur les prix de ventes de produits et de services, les marges des différentes sociétés continuent à s’effriter.
Cela nous amène à nous interroger sur l’impact attendu des indicateurs d’activité du troisième trimestre 2018, dont le coup d’envoi est prévu pour cette semaine.
A notre avis, aucun effet significatif ne sera observé. Les acteurs du marché ont, enfin, compris que le chiffre d’affaires d’une entreprise n’est pas nécessairement converti en autant de bénéfices.
Cependant, c’est une bonne nouvelle pour les analystes financiers qui défendent les fondamentaux. Mais plutôt mauvaise pour les traders qui vont devoir réagir à une tendance négative qui se poursuivrait.
En conclusion, une reprise limitée, purement technique, est logiquement attendue. Néanmoins, la tendance baissière est confirmée à notre sens. Wait and see…
ne pourrait-on, rien qu’une fois, décrire l’évolution de la bourse à dinars constants (ou bien compte tenu de l’inflation et de la baisse relative de l’actif) ???