Les révélations du collectif de défense de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, sur l’existence d’un appareil sécuritaire secret du mouvement Ennahdha, ont fait réagir la présidente de l’Association des magistrats tunisiens, Raoudha Karafi. Tout comme elle s’est exprimée après les déclarations du porte-parole du pôle de lutte antiterroriste, Sofiene Selliti.
Invitée sur les ondes radiophoniques, Raoudha Karafi, a souligné : » Nous sommes en train de suivre de près l’affaire des assassinats d’hommes politiques, mais aussi le déroulement de l’enquête. Or, ce qui a été dit est grave si les faits sont avérés, car cela touche un grand nombre d’institutions, ministère de la justice, procureur de la République, tribunaux…. »
Selon elle, c’est au Ministère public de réagir. Mme Karafi ajoute : « La justice doit être neutre avant tout. » Tout comme elle laisse entendre qu’il se peut que le porte-parole du pôle antiterroriste soit sous pression. Mais il ne faut jamais remettre en cause la neutralité qui fait partie de l’institution judiciaire.
Et de poursuivre : « Quand M. Selliti parle au nom de l’administration de la justice, il ne doit en aucun cas parler au nom des juges. Il doit donc figurer avec la plus grande impartialité possible dans le cadre de son rôle. »
Raoudha Karafi : « C’est au pouvoir judiciaire d’éclairer l’opinion publique »
Elle a rappelé que dans un Etat démocratique, c’est le devoir du pouvoir judiciaire d’éclairer l’opinion publique. Cela permet entre autres de rassurer, en particulier sur les questions lourdes qui menacent l’intégrité de l’Etat de droit et les institutions. Et de poursuivre : « Ce n’est qu’avec de telles décisions que nous éviterons une déstabilisation de la confiance dans l’institution judiciaire. »
Rappelons que le Ministère public a réagi il y a quelques jours. Il a ouvert une enquête suite aux données fournies par le Comité de défense de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, lors de la conférence de presse du 2 octobre 2018.