Hier soir, le FMI a publié son rapport sur la Tunisie de 88 pages. Une première revue rapide fait ressortir quelques chiffres intéressants.
- Le taux de croissance en 2018 serait au moins de 2,6%, l’inflation moyenne s’établirait à 7,8% et les réserves de change atteindraient 3,4 mois, soit 102 jours d’importation. Néanmoins, ce chiffre ne sera jamais enregistré en cas de non sortie sur les marchés internationaux qui pourrait rapporter jusqu’à 20 jours d’importation. Les réserves retourneraient à 120 jours en 2020.
- Le FMI a revu à la baisse la croissance en 2019 à 2,9%, soit 20 points de base de moins par rapport aux hypothèses de la prochaine loi de finances.
- Dans sa feuille de route présentée, le Gouvernement s’est engagé à ne pas accorder d’augmentations salariales en 2018 et va garder le gel pour 2019. Ainsi, un accord vient d’être signé hier avec les partenaires sociaux dans ce sens ! L’objectif d’une masse salariale de 14% du PIB est impossible à atteindre.
- Le départ à la retraite va concerner 6 600 fonctionnaires, dont 5 000 dans le cadre de départ anticipé et 1 600 de départs volontaires.
- La dépréciation du dinar va augmenter le ratio de la dette publique par rapport au PIB de 70,3% en 2017 à 72% en 2018. La dette extérieure représenterait 93% du PIB en 2020, contre 82,6% seulement en 2017, avant de commencer à reculer à partir de 2021.
- Trouver une solution à la situation de la Banque franco-tunisienne est indispensable et l’examen de sa situation doit être reprogrammé pour le mois de novembre 2018. De même, la restructuration de Tunisair est sur la bonne voie.
- La réforme des caisses sociales dépend de l’adoption de la loi par l’ARP. Le gouvernement a confirmé au FMI que les caisses ne vont pas nécessiter de ressources additionnelles pour 2018.
- Le Gouvernement va limiter ses dépenses courantes à 24,2% du PIB, ce qui va lui permettre d’allouer 5,4% du PIB à des investissements et de maintenir des transferts sociaux élevés.
- Le Gouvernement a confirmé la hausse des prix du carburant en 2019 de sorte à réduire l’enveloppe de la compensation énergétique.
- L’impact de la hausse des taux d’intérêt sur le rythme d’octroi de crédits commence à donner ses fruits. Néanmoins, l’effet reste encore faible sur l’inflation avec un retard de 12 à 18 mois.
- Le FMI a demandé au Gouvernement d’accélérer la réforme des taux excessifs. Le FMI a encouragé l’intention de BCT de pousser les banques à respecter le nouveau ratio crédits/dépôts à partir de la fin de l’année 2018. Le taux de créances classées, qui est passé à 13,9% contre 15,5% en 2015, a été salué.
- Le taux d’épargne nationale atteindrait 14,6% en 2019 contre 12,1% initialement et 13,4% en 2018.
- La capacité de remboursement de la Tunisie demeure adéquate et il n’y a pas de crainte d’un défaut de paiement. Les obligations envers le FMI vont atteindre 1,4% du PIB et 22% du service de la dette extérieure en 2018.
Globalement, le rapport traduit une vision prudente et insiste sur les risques élevés auxquels la Tunisie fait face actuellement. Nous reviendrons plus tard avec plus de détails.
le FMI DOIT CONTRIBUER A LA REFORME GLOBALE
Est-ce que le FMI fait partie du gouvernement ?
Non, mais le gouvernement lui demande de l’argent.