La crise de Nida Tounes et les scissions qu’elle a provoquées ont permis la formation du noyau du bloc de la Coalition nationale, de députés qui s’opposent au directeur exécutif. Des députés d’autres formations telles le Watani al-Horr l’ont rejoint. La Coalition regroupe actuellement 51 membres. Mais outre le soutien du chef de gouvernement, elle n’a ni une même vision idéologique, ni un même programme d’action. Elle ne dispose pas, d’autre part, d’assises régionales. Mis à l’épreuve, en raison des prochaines élections, ce bloc non homogène pourrait constituer un parti, c’est-à- dire une formation de partisans “ayant pour objectif de se faire élire, d’exercer le pouvoir et de mettre en œuvre un projet politique ou un programme commun”. Dans l’état actuel des choses, la coalition est un groupe de pression parlementaire. Appelons-le, en utilisant les concepts de la nouvelle technologie, un parti virtuel.
D’autre part, les membres des partis Afak, Al Joumhouri et al-Massar, qui n’ont pas suivi le mot d’ordre de leur organisation, relatif à leur retrait du gouvernement, sont désormais disponibles pour former ou rejoindre un nouveau parti. Même situation des ministres de Nida, qui n’ont pas répondu à la convocation du directeur exécutif de leur parti et ont fait allégeance au chef du gouvernement. Rejoindront-ils un parti virtuel annoncé, sous la direction de Youssef Chahed ? D’autres voix estiment plutôt la remise en cause de la direction actuelle de Nida et son remplacement éventuel par l’actuel chef du gouvernement.
Défection électorale de 2018
D’autre part, la participation aux élections municipales 2018 a été très faible. Les deux grands partis ont enregistré une importante perte d’électeurs : près de 1.332.000 électeurs (Nida 902.000 et Ennahdha 430.000) :
Ce qui atteste d’une grande disponibilité d’électeurs. Cette défection électorale est confortée par la réussite réalisée par les indépendants de 32,9 % des sièges. Ils surclassent Ennahda, qui recueille 29,68 % des sièges. Les indépendants la devance de plus de dix points. Nidaa Tounès, le parti dominant au sein de la coalition gouvernementale, ne fait pas mieux (22,7% de sièges). Cette désaffection des partis traditionnels pourrait annoncer l’avènement d’un futur grand parti virtuel. Prenons la juste mesure de cette donnée.