L’Institut arabe des chefs d’entreprise (IACE) a réalisé une étude qui porte sur la fuite des compétences tunisiennes. Publiée le 19 septembre 2018, « Écrémage et fuite des cerveaux : une estimation du coût », semble lancer un cri d’alarme sur le phénomène.
En effet, l’étude montre bel et bien que le nombre des compétences tunisiennes à l’étranger a évolué.
Le nombre des enseignants chercheurs est passé de 890 en 2000, à 2094 en 2012. En 2017, le chiffre enregistre une nouvelle hausse à 2300. Le nombre des médecins et des pharmaciens tunisiens à l’étranger passe de 563 en 2000, à 893 à 2012, pour aboutir à 1000 en 2017.
D’ailleurs, plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer cette situation. Le conseil national de l’ordre des médecins en Tunisie a affirmé, en avril 2018, que 40% des praticiens inscrits au Conseil national de l’Ordre des médecins ont quitté le pays. L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) déclare, en novembre 2017, que 94 000 Tunisiens ont quitté la Tunisie en six ans, dont 84% vers l’Europe.
La fuite de compétences tunisiennes : l’hémorragie ne s’arrête pas
En se basant sur des données fournies par les ministères des Finances et de la Santé, Mokhtar Kouki, l’expert de l’IACE, a fait le calcul du coût annuel moyen de la formation d’une compétence tunisienne.
– Le 1er cycle de l’école de base coûte 900 dinars ;
– Le 2ème cycle de l’école de base et l’enseignement secondaire coûtent 1800 dinars ;
– Les études d’ingénieur coûtent 8000 dinars ;
– Les études en médecine coûtent 15.3000 dinars.
Par ailleurs, l’étude a montré que l’école publique connait un réel phénomène d’écrémage. Les chiffres sont têtus :
– 2% des bacheliers sont orientés vers des études en médecine ;
– 10% des bacheliers sont orientés vers des études d’ingénieur ;
– 1/830 élèves inscrits en 1ère année du 1er cycle de base devient médecin spécialiste ;
– 1/185 élèves inscrits en 1ère année du 1er cycle de base devient ingénieur.
L’étude affirme que la formation d’un seul médecin spécialiste sans redoublement atteint 12 millions de dinars. Pour former un ingénieur (sans redoublement), il faut compter 2,7 millions de dinars.
En cas de départ à l’étranger, cela engendre un manque à gagner au niveau de l’Indice Valeur Vie d’un employé. L’étude a fait le calcul sur la Valeur vie d’un diplômé pour une période de 30 années d’activité. En conclusion, pour un médecin spécialiste, elle est de l’ordre de 20,6 millions de dinars. Et pour un ingénieur, elle s’élève à 12,4 millions de dinars.