Un bon départ pour Kesra ! Avec un budget global d’environ 827 millions de dinars, le projet Kolna Kesra a été clôturé dimanche 14 octobre, en présence de l’ancienne ministre de la Femme, de la Famille et de l’Enfance Mme Latifa Lakhdhar.
La cérémonie de clôture a coïncidé avec l’inauguration de la « Maison d’Hôte Dar Hlima », un projet, à proximité du Musée du patrimoine de Kesra, réalisé avec beaucoup de plaisir et de professionnalisme. Et ce, malgré les difficultés qu’il a rencontrées à son commencement, notamment d’ordre foncier.
Conçu par la femme politique et professeur en médecine Mme Emna Mnif, Kolna Kesra est un projet d’économie sociale et solidaire qui s’inscrit dans le cadre du développement régional et local de la région de Kesra, au gouvernorat de Siliana. Kolna Kesra pourrait attirer du monde vers cette région et lui offrir un avenir meilleur.
« Avec 200 personnes impliquées directement dans le projet, la Maison d’Hôte Dar Hlima, déjà une première dans la région, a été réalisée sur superficie total de 80m², et ce, autour de trois volets », a fait savoir Mme Nawal Ayadi, chef et responsable du projet.
Le premier volet consiste à préserver et mettre en valeur le patrimoine bâtit et existant à Kesra.
Le deuxième volet a pour objectif de renforcer les capacités des jeunes, notamment ceux qui sont diplômés de l’enseignement supérieur.
Le troisième volet est dédié au développement des projets d’économie sociale et solidaire, malgré le vide régimentaire à combler. Surtout que la loi relative à l’économie sociale et solidaire n’est pas encore votée.
Parmi les autres composantes du projet, un restaurant traditionnel, baptisé « Délices de Kesra », qui offre des recettes artisanales (escargots, Figue de Barbarie…), ainsi que des recettes modernes pour ceux qui les souhaitent.
Kolna Kesra : un projet, à la fois touristique, écologique et culturel
Toujours dans le cadre de la préservation du patrimoine de la région, le projet Kolna Kesra a donné naissance à une collection de tapis et tissages pour préserver le savoir-faire artisanal, ainsi qu’au développement de l’entrepreneuriat social et solidaire au sein de ce village.
Par rapport aux aspects locaux, le défi à relever et le maître-mot pour les architectes étaient de préserver et conserver les spécificités de l’architecture locale dans un site rocheux. Il fallait alors faire appel aux technicités locales. L’objectif étant aussi d’offrir le maximum de confort que peut offrir une maison d’hôte.
« Lancé depuis 2015, le projet a été fortement appuyé par les habitants de Kesra. Il sera piloté par une nouvelle équipe« , a souligné Moez Attia, président de l’Association Kolna Tounes.
Kaïs Kssouri, Délégué de Kesra, qui a procédé à l’inauguration officielle de Dar Hlima, a, à cette occasion, lancé un appel aux habitants de Kesra à investir dans la région. « L’économie solidaire et sociale doit réussir en Tunisie à travers de pareils projets », a souhaité le délégué de Kesra.
Pour Nabil Ben Naceuf, représentant de l’Union européenne, l’un de principaux partenaires de ce projet, financer un tel projet était un grand défi. « Ce projet innovant a offert une visibilité pour la région. C’est la clé de sa réussite », a-t-il souligné.
Mme Monia Riyahi Mouaya, représentante de l’ambassade de Suisse à Tunis a, pour sa part, lancé un appel pour aider et soutenir ce genre de projets. Notons que 5% à 10% des bénéfices de ce projet seront allouées aux projets culturels à Kesra.
Bloc-notes
Le village de Kesra, l’antique Chusira, est situé sur une altitude de 1250 m au sud du plateau de Kesra au débouché de la vallée de la Garaat à 17 km à l’est de Makhtar. La forteresse byzantine, ainsi que les maisons actuelles bâties avec des matériaux de remploi, montrent la continuité de l’occupation du site.
De la Kesra de l’époque pré-romaine, nous ne savons rien ou presque. Les bribes de connaissances proviennent de quelques inscriptions latines trouvées à la fin du 19ème siècle. L’une d’elles montre que la ville a existé avant l’arrivée des Romains, puisqu’elle avait le statut de civitas en 70-71 ap JC. Une influence punique transparaît à travers un nom punique signalé par cette dernière dédicace. Commémorant l’achèvement d’un monument dédié à Saturne, une autre dédicace laisse supposer que ce Dieu a pris la place occupée par Baal-Hammon, comme c’est le cas dans de nombreux sites de la région.
La prospection réalisée au courant de l’année 1990 a permis la découverte dans les habitations de deux inscriptions néo-puniques, de plusieurs stèles archéologiques relatives au culte de Baal-Hammon Saturne et de quelques inscriptions latines dont certaines témoignent de l’importance de la vie religieuse à Kesra à l’époque Romaine.