L’agriculture est essentielle dans notre pays. Elle contribue à la relance économique de la Tunisie constituant ainsi une composante majeure du tissu social. Cela dit, l’introduire dans l’Accord de libre échange, le fameux Aleca, serait-ce une bonne chose ? Quels sont les enjeux d’aujourd’hui?
Selon Leith Ben Becher, fondateur du Syndicat des agriculteurs Synagri : « La perspective des négociations qui s’ouvrent entre la Tunisie et l’UE dans le cadre de l’ALECA et qui s’étendront cette fois aux produits agricoles, n’est pas sans risques. Ces négociations constituent même un motif de légitime inquiétude. Cela nous oblige à redéfinir nos choix stratégiques en matière de développement agricole. Au delà de la libéralisation des échanges, nos autorités devraient œuvrer avec l’UE pour une politique agricole méditerranéenne. Ceci pour renforcer les économies des pays du Sud de la région, mais surtout préserver une sorte de « label » méditerranéen. »
Quelle stratégie pour l’agriculture tunisienne ?
Il met l’accent sur l’importance d’avoir une stratégie et une vision dans ce sens. en déclarant : « Il est donc plus que jamais urgent de définir, pour les prochaines décennies, les grandes orientations de l’agriculture tunisienne, en lien avec la sécurité alimentaire, le développement rural et la durabilité des ressources et en prenant en compte les effets attendus du changement climatique ».
On se demande quels seraient les impacts de l’accord entre l’UE et la Tunisie sur les agriculteurs ? A cette question M Ben Becher a fait savoir « Malgré les progrès techniques réalisés, notre agriculture et nos agriculteurs pâtissent de graves problèmes et plus encore d’un « déficit d’image » hérités d’une certaine conception des priorités économiques des régimes politiques successifs, autant que de la désaffection, sinon d’un mépris des élites dirigeantes qui s’est très peu démenti depuis l’Indépendance. De fait, c’est le secteur où la profession, pourtant nombreuse (près de 500 000 agriculteurs au dernier recensement agricole de 2009), est la plus marginalisée et la moins bien représentée et écoutée politiquement ».
Et de conclure: « Avec l’Aleca ou non, notre agriculture a besoin d’être revue. Or sans préparation sans stratégie sur la question agricole, nous nous dirigeons vers un futur incertain »