La Fédération nationale des Villes tunisiennes (FNVT) et l’Ambassade de France en Tunisie organisent la première édition des Rencontres franco-tunisiennes des élus municipaux les 20 et 21 octobre 2018. Quel est l’état des lieux de ces rencontres, mais plus encore, quel en est le but?
Ces rencontres ont permis de favoriser les échanges, les partages d’expériences et de savoir-faire entre les différents élu(e)s municipaux. Ceci pour répondre aux enjeux identifiés sur le terrain au regard de l’expérience de la décentralisation.
L’objectif étant de favoriser le savoir-faire des uns et des autres, les relations entre l’Etat et les collectivités. Présent lors de ce colloque, Jérémie Daussin-Charpantier, directeur adjoint de l’AFD de Tunis a fait savoir que le débat était très ouvert. Ce qui a permis de réfléchir à la manière de renforcer la décentralisation.
Pour le cas de la France, la décentralisation est bien ancrée depuis une quarantaine d’années. Selon lui, le processus du pouvoir local ne peut pas se faire tout seul. Il précise: « On parle de situations différentes. En France les collectivités locales réalisent 70% des investissements publics, alors qu’en Tunisie ils sont de l’ordre de 5%. Ce sont des différences évidentes. En France, il y a 35 000 communes, en Tunisie elles sont 350 municipalités ».
La démocratie participative est en constante construction
Il ajoute : « Je pense que la génération maire nouvellement élue, est une génération maire pionnier… En revanche, quand on s’engage, il faut être en mesure de dire que cinq ans après, nos engagements sont réalisés ».
Pierre Baillet, Secrétaire permanent de l’Association internationale des Maires francophones a évoqué l’importance de la gouvernance locale. Il déclare : « Ce système a besoin de méthodes, à savoir des conseils de proximité, des conseils de développement qui puissent répondre aux besoins des citoyens ».
Selon lui, cette expérience de démocratie participative est en constante construction. Mais pour qu’elle puisse s’améliorer, elle a besoin de la recherche et du temps pour être opérationnel.
Les femmes élues dans le pouvoir local
A l’avant-garde des démocraties modernes, la Tunisie a fait de la parité verticale et horizontale un principe de sa loi électorale. Le 6 mai dernier, cet objectif de parité a presque été atteint avec l’élection de 47% de femmes au sein des conseils municipaux. Elles sont les nouvelles entrantes en politique. Les femmes élues doivent être en mesure de prendre pleinement part au jeu politique, à l’instar de leurs homologues masculins. Elles doivent gagner en assurance et en influence. Cette session a eu pour but d’identifier les moyens à la disposition des femmes élues pour s’affirmer dans un environnement où statistiques, patriarcat, autocensure et intériorisation des stéréotypes de genre peuvent entraver leur action. L’initiative de mentorat « Femmes d’influence », entre femmes élues françaises et tunisiennes a été présentée à cette occasion.
Présente lors du panel, Souad Abderrahim, maire de Tunis a mis l’accent sur le nombre des femmes élues, qui selon elle, est assez impressionnant. Elle ajoute: » Nous avons des points de similitude. Mais j’espère que ces manifestions ne se limitent pas à de simples rencontres. Elles doivent permettre d’aboutir à la réalisation des projets communs. »
Nejia Ben Abdelhafidh, élue à l’ARP, résidente au sud de la France, du bloc parlementaire de la Coalition nationale, salue la présence de la femme tunisienne dans le domaine politique. Aujourd’hui, la présence féminine « est plus que satisfaisante, mais il faut l’encourager davantage », a-t-elle poursuivi.
En conclusion, les intervenants se sont mis d’accord sur plusieurs points. Particulièrement, l’approche participative des citoyens, la sensibilisation des habitants des communes et le renforcement du pouvoir local.