Que faut-il comprendre du désintérêt des jeunes pour les élections municipales passées, ainsi que probablement pour les prochaines élections de 2019 ? Moez Bouraoui, ancien président de l’ATIDE rappelle qu’avant tout, il faut parler de chiffres. Et ils parlent d’eux mêmes.
Selon lui, les expériences, lors des élections de 2011, 2014 et 2018, ont conduit de plus en plus de jeunes à se désintéresser de la participation au vote. Ce qui laisse entendre que les partis politiques s’intéressent aux votants potentiels dont la tranche d’âge dépasse les 35 ans. Il précise : « L’absence des jeunes aux élections arrange les partis politiques et les gouvernants, parce qu’avec leur dynamisme et leur esprit créatif ce sont eux qui perturbent tout un système. »
Il ajoute : « La confiance est déjà perdue entre les jeunes et la classe politique. Pour être honnête, cette confiance n’a jamais existé depuis l’indépendance à ce jour. C’est pour cela que je dis que leur destin est entre leurs mains. »
Moez Bouraoui : « Responsabiliser les jeunes »
Evoquant la question des élections 2019, où le tout le monde se projette dans la course aux législatives et à la présidentielle, M. Bouraoui a rappelé qu’il y a une volonté farouche d’exclure les jeunes du système électoral. Il précise dans ce contexte : « Est ce que quelqu’un en Tunisie sait que l’enregistrement des électeurs pour 2019 est ouvert depuis le 22 septembre 2018. Et si on apporte une analyse objective, on fait le constat suivant : il n’y a pas de nouveaux inscrits. Or nous savons tous que la classe politique a tiré profit de la situation de désertion des jeunes. »
Il conclut : « C’est pour cela que je veux responsabiliser les jeunes, car leur destin est entre leurs mains, et surtout pas entre celles des gouvernants et de la classe politique. L’expérience électorale des municipales a produit une nouvelle vague très importante : celle des indépendants. Cette vague a la possibilité d’agir pour l’intérêt des jeunes comme pour l’intérêt du pays. »