Après leur retrait de l’accord nucléaire iranien, voici que les Etats-Unis font un nouveau pas et se retirent du traité sur les armes nucléaires de portée intermédiaire conclu avec l’URSS en 1987.
Washington ne cesse depuis des années d’accuser la Russie de ne pas respecter le traité historique. Celui qui interdit le développement de tout missile nucléaire d’une portée de 500 à 5500 kilomètres. Il va sans dire que Moscou a toujours nié ces accusations. En réaction au retrait surprenant et inattendu, les autorités russes ont prévenu que le retrait de ce pacte historique serait dangereux. Car il risquerait de relancer une nouvelle course à l’armement nucléaire.
Celui qui a poussé Trump à prendre la décision du retrait est sans doute John Bolton. L’homme est connu par son caractère ombrageux et son bellicisme. Il était l’un des plus fervents partisans de l’invasion de l’Irak en 2003. Il avait joué un rôle clé dans la persuasion de George W. Bush de prendre l’une des pires décisions de l’histoire américaine. Il n’a pas été en mesure de persuader Barack Obama d’intervenir militairement en Syrie. Par contre il a réussi à convaincre son successeur à se retirer des accords nucléaires avec l’Iran et avec la Russie.
John Bolton et le nucléaire
Il ne cesse de pousser vers la guerre contre l’Iran et la Corée du Nord. Pour lui, tout pays puissant, à l’instar de la Chine et de la Russie, un ennemi à tenir à l’œil. Il faut l’affaiblir par toutes sortes de sanctions arbitraires et irrationnelles. Car, pour l’homme à la moustache, un seul pays a le droit d’être puissant et de disposer de toutes les espèces d’armes sur cette terre. L’Amérique, le « pays exceptionnel », « la puissance bienfaitrice », « The Land of the Free and the Home of the Brave ».
Ce n’est pas seulement en Russie, en Chine ou en Iran que John Bolton est connu pour être un psychopathe. Il ne trouve son bonheur que dans les guerres, les massacres et les destructions et autres spécialités de l’US Army. Même en Amérique, beaucoup d’analystes et d’experts le considèrent comme un homme dangereux. L’un d’eux a même conseillé de le « tenir aussi loin que possible des leviers de la politique étrangère. »
Trump a pris le contre-pied de ce conseil en faisant de lui l’un des principaux architectes de la politique étrangère américaine. C’est à ce titre justement qu’il a fait récemment le voyage à Moscou. Il a voulu expliquer à Poutine « la justesse » de la décision américaine de se retirer de l’accord nucléaire de 1987.
Le nucléaire iranien au cœur des enjeux américains
Au début de sa rencontre avec Bolton, Poutine arborant un large sourire, s’adresse au moustachu assis en face de lui en ces termes. « Si ma mémoire est bonne, le symbole des États-Unis est un aigle, qui tient d’un côté 13 flèches et de l’autre un rameau d’olivier, qui représente une politique pacifique et sur lequel se trouvent 13 olives. Ma question est la suivante : est-ce que votre aigle a déjà picoré toutes les olives et ne reste-t-il que les flèches? »
Bien que tous les présents aient éclaté de rire, Bolton est resté de marbre. Visiblement, la flèche humoristique que lui a lancée le président russe n’était pas de son goût. « Je suis ici pour discuter de nos intérêts communs, mais je n’ai pas apporté d’olives », a-t-il répondu froidement.
Poutine insiste : « L’aigle tient dans ses serres les flèches d’un côté et le rameau d’olivier de l’autre. Quelle est la priorité des Etats-Unis, les flèches ou le rameau d’olivier ? » Réponse de Bolton : « L’aigle tient le rameau d’olivier à sa droite. Notre priorité c’est le rameau d’olivier. »
Voilà, nous sommes rassurés. Si le grand Moyen-Orient est un havre de paix aujourd’hui, c’est parce que le rameau d’olivier est la priorité de l’Amérique. La preuve est que l’aigle américain le tient bien à sa droite.