L’opération Eurobond lancée par la Tunisie a été clôturée le 24 octobre pour un montant global de 500 millions d’euros, destinés au financement des besoins du budget de 2018.
Cette opération a suscité l’intérêt de près de 120 établissements financiers soumissionnaires dont les offres ont atteint 1,250 milliard d’euros. D’une maturité de cinq ans, l’émission a été clôturée à un taux d’intérêt de 6,75%.
Revenant sur cet Eurobond, l’expert-comptable Walid Ben Salah a publié un statut sur sa page officielle Facebook dans lequel il a dressé une batterie de remarques.
Dans ce sens, il a affirmé que le montant de la levée a été souscrit 2,5 fois uniquement. Une proportion faible qui reflète, selon ses dires, le niveau de confiance des bailleurs de fonds, l’effet des derniers changements de perspectives en « négatives » par les agences de notation Moody’s et R&I ainsi que le durcissement des conditions du marché international. Idem pour le nombre d’établissements soumissionnaires.
De ce fait, M. Ben Salah a estimé que le spread de taux de cet emprunt est le plus élevé que la Tunisie ait subi depuis sa première sortie sur les marchés financiers internationaux en 1994.
Le taux d’intérêt de 6,75% sur 5 ans est très élevé
Pour ce, l’Expert-comptable a précisé que le taux d’intérêt de 6,75% sur 5 ans est élevé. Il correspond, selon ses propos, à un spread de taux très important par rapport aux taux de référence à l’échelle internationale.
Et d’ajouter qu’il s’agit du taux nominal du coupon auquel il y a lieu d’ajouter d’autres frais et coûts. Notamment, les frais de couverture, de mise en place, d’honoraires et de « success fees » des banques ayant assuré la sortie; de quoi porter le coût effectif supporté par l’Etat à une proportion particulièrement chère.
A titre de comparaison, Walid Ben Salah a rappelé que l’Eurobond de 850 millions d’euros obtenu par la Tunisie au début de 2017 est rémunéré à un taux de coupon de 5,625% et un rendement à la souscription de 5,75% (100 points de base moins cher) pour une maturité plus importante de 7 ans.
Ainsi, il a souligné que le projet de la loi de finances complémentaire 2018, tel que transmis à l’ARP, prévoit une levée de fonds sur le marché international de 2.044 MDT. Le montant obtenu de 500 millions d’euros, soit environ 1.650 MDT est nettement inférieur aux besoins de financement budgétisés jusqu’à la fin de l’année. Quid du reliquat pour rééquilibrer de nouveau ledit budget !
Une comparaison avec d’autres pays
A titre comparatif, M. Ben Salah a cité le Sénégal qui a levé au début de l’année 2018 un Eurobond de 2,2 milliards de dollars répartis en deux tranches. Une première tranche de 1 milliard d’euros sur 10 ans au taux de 4,5%. Et une deuxième tranche de 1 milliard de dollars sur 30 ans au taux de 6,75%.
A cet égard, Walid Ben Salah a déclaré que malgré les maturités longues desdits emprunts et les taux de rémunération relativement faibles, cet Eurobond a été souscrit 5 fois par 300 soumissionnaires environ pour chaque tranche.
Au final, il a, également, mentionné que plusieurs pays africains ont levé des Eurobonds en 2018 à des conditions de taux et de maturité beaucoup plus intéressantes. A l’instar du Sénégal, de la Côte d’Ivoire et du Bénin…