L’UMA est-elle considérée comme un moyen pour exercer une hégémonie ou comme moyen pour se défendre? En clair, le terme union a de tout temps inspiré les politiques. Comment est perçue la conception d’un avenir maghrébin ? Mais plus encore quelles sont les dimensions de l’ intégration de l’UMA ? C’est en partie l’un des thèmes abordés lors de la 4 ème édition du colloque international du Maghreb, déterminisme géo-historique et enjeux stratégiques.
L’Union du Maghreb n’est pas nouvelle. L’idée de l’union a également tenté plusieurs dirigeants arabes au lendemain des mouvements de libération de la colonisation, mais toutes les tentatives ont lamentablement échoué. Diverses raisons l’expliquent, notamment une insuffisante préparation et les tentations hégémoniques des dirigeants concernés. Trente ans plus tard, le constat ne peut être qu’amer.
L’enjeu socio-économique de l’ intégration de l’UMA,
Intervenant lors de ce colloque, Abderrazak El Hiri, directeur du laboratoire de Coordination des études et des recherches en analyse et prévisions économiques ( CERAPE) a souligné que l’intégration économique maghrébine ferait bénéficier la région de plusieurs investissements. Les chiffres feront parler d’eux-mêmes :
- Un investissement de 5 milliards de dollars par an dont 3 milliards de dollars en IDE
- Une création supplémentaire d’emplois dans un espace marqué par un chômage assez important surtout du côté des jeunes
- Une économie dans le secteur électrique d’environ 25%de la production dans le cas où les centrales électriques seraient intégrées
- Un accroissement des exportations agricoles de l’ordre de 45% soit près de 1% du PIB net agricole des pays du Maghreb.
Autrement dit, les enjeux socio-économiques de l’intégration des pays sont donc importants. La réussite d’un pays de la zone ne peut être que bénéfique.
Sur un autre volet, la question de l’agriculture maghrébine a été soulevée. Quelle est la réalité ? Leith Ben Becher, ancien président du Syndicat des agriculteurs de Tunisie a fait savoir que l’agriculture ne peut tout résoudre. Par contre, une agriculture maghrébine plus intégrée et mieux concertée est aussi vitale que souhaitable. Elle reste à faire.
Il précise en effet: « C’est à nous d’être plus coordonné et nous pouvons faire beaucoup de choses. A titre d’exemple une zone de libre échange maghrébine, un accord douanier, des facilitations sur des labels, la reconnaissance des diplômes, la formation alternée, le centre des recherches multiples, les prix d’achat, la valorisation des produits. Nous avons autant d’atouts considérables, il suffit qu’il y ait cette coordination maghrébine ».
Jeunesse maghrébine : état des lieux
De ce fait, sans faire de politique comparée, il est d’autant plus important aussi de réfléchir ensemble aux défis qui attendent le Maghreb. Cependant, il apparaît évident que le débat sur l’utilité de l’UMA refait surface et si on parlait de la jeunesse maghrébine. Ce fut l’un des derniers volets abordé lors du colloque.
Mehdi Raïs, docteur en sciences politiques a mis l’accent sur cette jeunesse dynamique qui n’a plus de patience à ce que dans leur pays respectifs on se passe de développement social. Evoquant le cas du Maroc, son pays natal, M. Raïs a souligné: « Nous avons un malaise au niveau social car les jeunes veulent beaucoup plus de développement, de justice sociale, une protection sociale accrue ». Il ajoute: « La jeunesse d’aujourd’hui n’est plus une jeunesse passive, elle est beaucoup plus active. Je pense qu’un programme Erasmus maghrébin peut être une des solutions pour permettre de connecter ces jeunes. Ce qui pourra aboutir sur le long terme à une structure universitaire ».
L’urgence d’une prise en charge de la question de la jeunesse peut assurer un futur apaisé dans la région. Autant réfléchir tous ensemble à un rendez-vous unique qui unit le Maghreb ? Serait-ce de l’utopie ? Mais plus encore un vivre ensemble ?