Le Rapport concernant la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) au Maghreb a été lancé aujourd’hui au siège de l’Utica à Tunis. Et ce, à l’occasion de la tenue de la 33ème réunion du Comité intergouvernemental d’experts du Bureau Afrique du Nord de la Commission économique pour l’Afrique (CEA).
Le rapport note quelques avancées dans l’intégration concrète des ODD dans les politiques sectorielles et locales. Elles sont variables selon les pays et les secteurs.
Selon ce rapport, en Tunisie, le plan de développement quinquennal (2016-2020) inclut déjà la plupart des ODD. Le gouvernement tunisien est dans la phase d’analyse du niveau d’intégration des ODD et des cibles dans le plan quinquennal de développement et dans certaines stratégies sectorielles adoptées par le gouvernement.
Cet exercice s’intègre dans le processus de révision à mi-parcours du Plan quinquennal de développement. Ce processus sera lancé en 2018 et la formulation en 2019 du nouveau plan quinquennal. Par ailleurs, le gouvernement bénéficie du programme conjoint du système des Nations unies « d’appui à l’intégration, la mise en place d’un dispositif de suivi-évaluation et d’établissement de rapport concernant les ODD en Tunisie ». Il a été signé par le ministère des Affaires étrangères et le ministère du Développement en mai 2018. Le rapport souligne que deux autres stratégies transversales ne sont toujours pas officiellement adoptées. Il s’agit de la stratégie nationale de développement durable (SNDD 2014-2020) et de la stratégie nationale de l’économie verte (SNEV 2016-2030). Ces deux stratégies constituent un axe clé du plan quinquennal.
Disponibilité des données
En outre, la disponibilité des données constitue un défi majeur. En juillet 2018, des résultats préliminaires de l’analyse du déficit des données ont été présentés. Le rapport souligne que le niveau de disponibilité des indicateurs est de l’ordre de 55%.
En matière d’établissement de rapports, le Maroc est le seul pays du Maghreb à avoir présenté en 2016 un premier rapport volontaire. Les autres pays, à l’instar de la Tunisie, sont officiellement inscrits pour présenter leur premier rapport au Forum politique de haut niveau sur le développement durable (FPHN) en 2019. Notons que la question du financement du développement durable resté posée dans l’ensemble des pays maghrébins. Le rapport a proposé un ensemble de mesures nécessaires pour relever ce défi.
Dans tous les pays maghrébins y compris la Tunisie, l’amélioration durable de la production et de la productivité agricoles demeure tributaire de l’accroissement significatif des investissements dans la recherche. Elles visent à améliorer les techniques de conservation de l’eau et des sols et à faire face à la vulnérabilité du secteur aux changements climatiques. Cette vulnérabilité touche surtout les femmes et les jeunes.
Malheureusement, les politiques d’innovation souffrent en outre d’un manque de coordination et d’implication du secteur privé. Aucun pays n’a atteint la cible minimale recommandée par l’Union africaine, qui est de l’ordre de 1% du PIB dédié à la recherche-développement.
Les jeunes sont insuffisamment ciblés
Les structures dédiées à la réduction du chômage et de l’amélioration de l’employabilité des jeunes et des femmes ont un impact global limité. Il s’agit, essentiellement, de l’Agence nationale pour l’emploi et le travail indépendant (ANETI), dont le coût est relativement élevé. Elles ne touchent qu’un petit nombre de jeunes et sont insuffisamment ciblés. « D’importants aspects liés au travail précaire, à l’emploi informel, à la couverture sociale et aux disparités dans l’emploi…ne bénéficient pas d’une attention suffisante », souligne le rapport.
Le rapport a formulé des remarques liées à tous les pays maghrébins. Par exemple, l’intégration industrielle, c’est-à-dire le développement du contenu local, est un véritable enjeu stratégique. Il nécessite de développer des programmes innovants qui permettraient de remplacer une grande partie des importations industrielles et de stimuler les exportations. A l’heure actuelle, la contribution de l’industrie à l’effort national quant à la recherche-développement et d’innovation demeure marginale.
Défis à relever
En matière d’adaptation aux changements climatiques, l’adoption d’une politique de gestion multirisques, plus structurée et plus inclusive et le renforcement de la coordination des intervenants font partie des défis à relever.
Sur le plan de la coopération régionale et d’intégration économique, le rapport a souligné que peu de cadres sont aujourd’hui disponibles pour encadrer l’action maghrébine.
« L’UMA et les pays membres doivent redoubler d’efforts pour traduire en actions concrètes les nombreux engagements pris dans le cadre de l’UMA. Pour travailler en ensemble à résoudre des problèmes d’intérêt commun. En particulier harmoniser les politiques et les réglementations, stimuler le commerce agroalimentaire intrarégional, créer des chaînes de valeur régionales. Ainsi que favoriser le développement des infrastructures transfrontalières énergétiques et promouvoir l’échange de connaissances et de données d’expériences et le transfert de technologie », lit-on dans le rapport.