Le journaliste Jamal Khashoggi, père de famille, a été tué le 2 octobre dans le consulat où il s’était rendu pour des démarches administratives en vue de son mariage avec Hatice Cengiz. Dans une tribune publiée dans plusieurs médias, la fiancée du journaliste appelle la communauté internationale à prendre des mesures concrètes pour faire la lumière sur cette affaire et traduire les responsables en justice.
Certains dirigeants, comme le président turc Recep Tayyip Erdogan, accusent indirectement le prince héritier Mohammed Ibn Salmane d’avoir ordonné ce meurtre macabre. Jusqu’à présent le corps du journaliste est introuvable.
Dans son édito au Washington Post, le président turc déclare « que les auteurs du crime figurent parmi les 18 suspects détenus en Arabie Saoudite. Que ces personnes sont venues exécuter leur ordre: tuer Khashoggi et partir. Nous savons aussi que l’ordre de tuer Khashoggi vient des plus hauts sommets du pouvoir saoudien. »
Il semblerait que les derniers propos de Jamal Khashoggi sur les dirigeants arabes lors d’une interview avec Jason Rezaian de Global Opinions et la rédactrice en chef Karen Attiah aient déplu à MBS .
Khashoggi: la vraie démocratie rend le leader humble
Los de cette interview Jamal Khasoggi a déclaré : »Mohammed Ibn Salman met en avant toutes les questions économiques et religieuses en Arabie Saoudite. Rappelons que l’Arabie saoudite a été créée en tant qu’État islamique.Il n’a jamais été un Etat laïc mais plutôt un Etat établi par l’épée de la religion. Il a toujours été gouverné par la charia. D’ailleurs, c’est le dernier pays sur terre qui est gouverné seulement par la charia. Le roi Fahd (1982-2005) voulait avoir deux Arabie Saoudites l’une libérale et l’autre religieuse mais cela n’a pas fonctionné. Cela fait cent ans que l’on s’interroge sur ce qu’est l’islam et quel rôle doit -il avoir? ».
Et de poursuivre : « Mohammed Ibn Salman est peut-être venu pour régler ce problème mais nous ne savons pas encore comment. Il s’intéresse à présent au modèle de Dubaï, qui est moins islamique et qui permet aux citoyens de jouir d’une liberté sociale mais non politique. »
Khashoggi a aussi ajouté : « Nous sommes loin de la démocratie comme exercée en Amérique ou en Finlande ou au Danemark, qui rend le leader humble. En effet, elle le rend redevable envers tous les citoyens. Ce n’est pas le cas de nos leaders qui se croient plus illuminés que les autres. Pour eux, des personnes comme moi et Jason, nous ne faisons qu’entraver leur processus de réforme ».
Enfin, cette affaire donne à Erdogan l’occasion de se poser en grand défenseur de la liberté de la presse alors que tout un chacun sait qu’il en est le plus fervent pourfendeur.