L’Accord de libre-échange approfondi et complet (ALECA) doit apporter de la valeur ajoutée au secteur privé et notamment au secteur des services. C’est ce qui ressort des interventions des participants au séminaire « Participation du secteur privé au dialogue sur les relations Tunisie-Europe », tenu aujourd’hui, 6 novembre au siège de l’UTICA.
Chiheb Slama, le Président de la Fédération nationale de l’agroalimentaire est revenu sur les relations bilatérales entre le Tunisie et l’UE. Par ailleurs, il a indiqué que l’Accord d’association de 1995 a eu des impacts positifs sur la Tunisie. Il a affirmé que depuis la signature de cet accord, le commerce bilatéral a presque doublé. Cet Accord a eu des impacts positifs sur les exportations tunisiennes vers l’Europe. Il rappelle que les exportations de textile et d’électromécanique ont triplé grâce à lui.
Cet accord a permis de mettre en place un programme de mise à niveau qui a fait bénéficier les entreprises tunisiennes de plusieurs programmes et assistances techniques. Pour lui, cet accord est asymétrique en faveur de la Tunisie. D’ailleurs, suite à sa mise en place, l’Union européenne a ouvert son marché aux exportations tunisiennes. A cela s’ajoute que plusieurs entreprises tunisiennes ont bénéficié d’une période de transition et des abattements progressifs sur plusieurs années.
De la nécessité de braquer la lumière sur l’ALECA
Cependant, le contexte régional et mondial a changé pendant les négociations entre la Tunisie et l’Union européenne. Ce changement se caractérise par un flux migratoire et la progression de l’économie du savoir. Autrement dit, les négociations sur l’ALECA se passent dans un contexte autre que celui de l’accord de 1995. C’est pour cette raison que l’intervenant a considéré que l’ALECA est la suite logique de l’accord de 1995.
Pour lui, un tel accord pourrait drainer plus d’investissements entre la Tunisie et l’Union européenne. Pour cela, plusieurs changements doivent être faits pour que la Tunisie soit à niveau. De ce fait, cela permettra un meilleur accès à l’investissement direct étranger européen en Tunisie.
Cependant, l’intervenant a indiqué qu’il faut veiller à ce que les produits agricoles européens importés ne déstabilisent pas le marché tunisien. Par la même occasion, il a rappelé que l’agriculture tunisienne demeure rudimentaire par rapport à l’agriculture européenne. Par ailleurs, il a plaidé pour l’amendement de la réglementation. « Nous n’avons pas été assez impliqués dans les négociations pendant le premier round » lance-t-il.
De la nécessité de sensibiliser les entreprises à l’importance de l’ALECA
Holger DIX, représentant de la Konrad-Adenauer-Stiftung à Tunis, a annoncé que Konrad-Adenauer-Stiftung, en collaboration avec Ghazi Ben Ahmed, a fait réaliser un guide sur l’ALECA. L’objectif du guide l’ALECA est une meilleure compréhension et vulgarisation pour les entreprises tunisiennes. Par ailleurs, Holger DIX a fait savoir que l’Allemagne veut que les Tunisiens vivent bien pour plusieurs raisons. Il ne manque pas de citer les raisons entendues. Pour lui, il s’agit en premier lieu d’une question de solidarité. D’autres vont dire que c’est une question de sécurité et de migration. Mais c’est aussi une question économique. « Quand les Tunisiens vont bien, ils peuvent acheter nos Mercedes ». L’ALECA devrait permettre aux Tunisiens de mieux vivre.
Ghazi Ben Ahmed, Directeur du Mediterranean Development Initiative a affirmé qu’il s’est rendu compte que plusieurs chefs d’entreprise ne sont pas au courant de l’ALECA et ses enjeux. D’ailleurs, le troisième round de négociations est prévu pour les 10,11,12,13 et 14 décembre 2018 à Bruxelles. Ainsi, il a indiqué qu’il est important que les chefs d’entreprise connaissent les secteurs concernés par l’ALECA notamment en ce qui concerne l’Agriculture.
Par la même occasion, il a fait savoir que la partie tunisienne n’a pas encore répondu à l’Union européenne. Pour le moment, il n’ y a que la proposition de l’Union européenne. Il a estimé que pendant le troisième round, la partie tunisienne devrait répondre. Il a indiqué que la Tunisie dispose de plusieurs atouts, notamment dans le domaine agricole et dans le secteur des TIC. Pour lui, il n’est pas possible d’attendre que les conditions soient favorables à 100% pour se lancer. De même, il a exprimé son refus du statu quo.
L’intervenant a affirmé que le changement de négociateur en chef tunisien pourrait déstabiliser les négociations. Il a estimé que le négociateur doit maîtriser le dossier. Il a recommandé Omar El Béhi, l’actuel ministre du Commerce, comme négociateur en Chef.