La BIAT a rendu public sa nouvelle étude réalisée par Ahmed Amine Azouzi, expert dans les questions des médias et des industries culturelles. Et ce, lors d’une rencontre avec les médias organisée aujourd’hui.
L’étude est baptisée « État des lieux des industries culturelles et créatives en Tunisie : un potentiel à amorcer ». Elle vise à mieux cerner le secteur culturel, évaluer son potentiel de développement. Mais aussi d’identifier les actions prioritaires à mettre en place.
Pour ce faire, trente entretiens ont été menés avec des acteurs économiques, culturels, gouvernementaux, locaux et internationaux. L’analyse des statistiques disponibles est venue compléter ces entretiens avec un travail de benchmarking de pays aux configurations comparables à la Tunisie.
Principales conclusions
Ahmed Amine Azouzi a annoncé que les résultats de cette étude ont démontré que les industries culturelles et créatives représentent un secteur porteur en Tunisie dont les potentialités restent peu exploitées.
Ainsi, plusieurs projets culturels réalisés ont démontré l’intérêt que porte le public aux biens et services créatifs. La demande est bien réelle mais reste, selon l’étude, latente. D’où la nécessité de l’activer et particulièrement dans les régions.
En outre, des talents et des créatifs tunisiens de grande qualité portent l’industrie culturelle et créative. Cependant, l’accès aux produits culturels et créatifs n’est pas toujours simple et l’information sur l’offre n’est pas toujours disponible.
De plus, les avantages qu’offre le canal digital ne sont pas pleinement saisis pour promouvoir et distribuer les biens créatifs.
Par ailleurs, l’Etat est aujourd’hui le premier investisseur et garant de la culture et de la créativité en Tunisie. Ce rôle nécessiterait, selon la même source, une actualisation pour prendre en compte les évolutions économiques, technologiques et sociétales. L’Etat gagnerait à jouer davantage le rôle de régulateur et de facilitateur à travers la révision du cadre juridique et administratif et du système de subvention.
De son côté, l’investissement privé est nécessaire pour la redynamisation de l’économie créative tunisienne.
Aujourd’hui, l’expert a affirmé que le manque de données et l’incompréhension des spécificités du secteur créatif limitent la confiance que peut avoir un investisseur privé. Plusieurs approches peuvent être considérées pour permettre aux privés de jouer le rôle d’investisseur et de mécène. On peut citer la diversification des revenus à travers la combinaison de plusieurs activités, la diversification des portefeuilles d’investissements créatifs…
Pour une économie créative tunisienne performante
Et afin de pousser vers une économie créative tunisienne performante, Ahmed Amine Azouzia a dressé sept recommandations principales. Il s’agit :
- Investir dans les canaux de distribution et l’accès aux biens et services créatifs.
- Renforcer la présence des biens créatifs dans l’éducation et les médias.
- Accélérer le développement de l’écosystème digital créatif.
- Encourager une concurrence saine entre tous les acteurs créatifs.
- Mettre les données au centre de l’économie créative tunisienne.
- Faire porter l’économie créative par le privé et public.
- Remettre à jour le cadre légal.
Rôle de la BIAT dans le développement des industries culturelles et créatives
Au vu de cette étude, la BIAT a entrepris plusieurs actions. Il s’agit, selon Elyes Ben Rayana, responsable de la Banque de financement et d’investissement, du lancement, en juillet 2018, d’une offre dédiée au secteur du cinéma. L’objectif est d’apporter aux producteurs un accompagnement sur mesure. Cette offre s’articule autour de trois véhicules de financement. Soit un crédit d’accompagnement à la trésorerie à court terme, un crédit d’investissement à hauteur de 10% du budget global du film avec un plafond de 150.000 dinars et une formule de prise de participation dans le film à hauteur de 10% du coût global plafonnée à 50.000 dinars.
Et la BIAT a également parrainé plusieurs initiatives culturelles, notamment celles qui contribuent à la démocratisation de la culture. A l’instar de la première édition du festival du cinéma méditerranéen « Manarat ». L’objectif est d’amorcer l’offre et de permettre aux Tunisiens d’avoir un accès facile et souvent gratuit aux œuvres culturelles locales et régionales.
Pour sa part, la Fondation BIAT pour la jeunesse s’apprête à lancer, en 2019, un nouveau projet. Il soutiendra l’émergence des industries culturelles et créatives en Tunisie. Ce projet vise à identifier, soutenir et accompagner les meilleures initiatives créatives. Et il permet de contribuer activement au développement de ce secteur à fort potentiel.