En Tunisie, la nomination de René Trabelsi à la tête du ministère du Tourisme dans le gouvernement de Youssef Chahed met en lumière l’histoire d’une minorité souvent oubliée en Tunisie, celle des juifs tunisiens.
Ce n’est pas la première fois qu’un juif tunisien occupe une poste à responsabilité en Tunisie. Déjà au moment de l’indépendance en 1956, Habib Bourguiba voulait montrer la volonté du gouvernement tunisien de considérer les juifs et les musulmans comme étant des citoyens tunisiens à part égale. Albert Bessis a été nommé le 18 septembre 1955 comme ministre de l’Urbanisme et le 15 avril 1956 il a été remplacé par André Barouch.
Mais depuis, aucun ministre de confession juive n’a été nommé. La nomination de René Trabelsi est un bon signe, car il est le fils du président de la communauté juive en Tunisie. De plus, il montrerait l’acceptation des Tunisiens des minorités religieuses dans le pays.
L’histoire des juifs tunisiens s’étend sur près de deux mille ans. D’après l’historienne Sonia Fellouss, leur arrivée probable date des Phéniciens puisqu’il y avait déjà des juifs dans la Carthage antique.
L’histoire des juifs de Tunisie est une partie intégrante de l’histoire du pays
D’après Albert-Armand Maarek, historien spécialiste des juifs tunisiens, la Tunisie musulmane était régie, avant le protectorat français, par la loi religieuse, la charia, et les juifs par la dhimmitude. Le juif tunisien était respecté dans ses croyances, mais avait un statut inférieur par rapport au statut du musulman.
Avec l’arrivée du protectorat français en 1881, la situation a beaucoup évolué pour les juifs tunisiens. Le statut de dhimmi a été supprimé et les juifs se sont émancipés et étaient scolarisés dans les écoles françaises en Tunisie.
La diaspora des juifs tunisiens
Ensuite, la création d’Israël en 1948 a suscité une réaction anti-juive dans les pays du monde arabe. De plus, l’agitation nationaliste, l’arabisation de l’enseignement et de l’administration, ont poussé la première masse de juifs à quitter la Tunisie dès les années 1950. Ensuite, après la crise de Bizerte en 1961 et avec l’indépendance de la Tunisie, une deuxième vague de Tunisiens immigre à part égale entre la France et Israël.
La plupart des Juifs ont émigré après l’indépendance parce que l’avenir n’était pas clair pour eux, malgré les avances du gouvernement tunisien. Après la guerre des Six Jours en 1967, la dernière vague de juifs tunisiens quitte la Tunisie. La population juive de Tunisie, estimée à environ 100 000 individus en 1948, n’est plus que 1500 individus en 2003. La communauté la plus importante se trouve à Djerba.
L’île de Djerba abrite la plus ancienne des synagogues du Maghreb et d’Afrique. A Houmet Souk, au XVIe siècle, le nombre des juifs était même plus important que celui des musulmans. La musique juive comme le Mezoued fait partie aujourd’hui du patrimoine musical tunisien. Plusieurs artistes de renom la chantaient comme : Cheikh El Afrit, Kiki Guetta, Simon Amiel, Fritna Darmon, Louisa Tounsia, Raoul Journo, Hbiba Msika etc.
Enfin, les juifs tunisiens gardent parfois des nostalgies et des réflexions sur une Tunisie qui n’est plus. Même s’ils adorent la Tunisie , ils n’ont pas de désir d’y revenir.