Produit en 2018 par la société bruxelloise Neon Rouge Production, réalisé par le jeune scénariste rwandais Joel Karekezi, ce long métrage a été présenté en première africaine, le 5 octobre au Colisée, dans le cadre de la compétition officielle de la 29ème édition des Journées cinématographiques de Carthage, en présence de l’équipe du film.
En effet, ce film est à la fois un hymne à la paix et un réquisitoire antimilitariste. Alimenté par l’histoire de deux soldats congolais et rwandais dont les destins se sont croisés et que tout oppose, le film nous plonge dans l’atrocité de la deuxième guerre du Congo qui a commencé en 1998. C’est l’histoire du sergent Xavier, héros de guerre rwandais et du soldat Faustin, un Congolais.
Une guerre absurde
Les deux militaires ont perdu leur bataillon, dans la jungle du Kivu. Ils se trouvent dans l’obligation de se soutenir pour rester en vie. Le parcours de ces deux personnages nous introduit dans ce road movie à pied, à travers la jungle. Les armes à la main, les deux soldats se défendent, attaquent et se cachent. Cependant, il s’agit d’une guerre floue où tout le monde est contre tout le monde. Dans ce film, la jungle n’est pas uniquement un élément de décor qui expose la beauté du Congo. Ce n’est pas uniquement l’endroit dans lequel nos personnages évoluent. Elle pourrait être assimilée à un personnage à part entière qui reflète les états d’âme des deux soldats. A travers les événements, les deux soldats apprennent à se connaître et à s’extérioriser. Par ailleurs, l’utilisation d’une boussole par les deux personnages est un symbole lourd de sens. Qui illustre la perte d’humanité induite par la guerre.
La miséricorde de la jungle, les soldats en ont besoin
Généralement, dans les films de guerre, la jungle est un espace hostile. Mais dans La miséricorde de la jungle, la jungle agit tel un exutoire sur les personnages qui évacuent réciproquement les drames qu’ils ont vécus à cause de la guerre. Le sergent Xavier a perdu sa femme et Faustin a assisté au massacre de toute sa famille et n’a qu’un désir, celui de rejoindre sa femme enceinte. Le spectateur est pris de compassion pour ces personnages tourmentés. Et du coup la jungle est perçue comme un personnage à part entière, qui intervient pour panser les blessures de l’âme de ces soldats.
90 minutes ont suffi pour comprendre que ce n’est pas uniquement les civils qui paient le prix du sang dans ces guerres, mais également les soldats. Ceux qui, à travers les atrocités commises devant eux, découvrent qu’ils sont humains avant d’être soldats, pris au piège dans une guerre absurde, où il n’y a ni vainqueurs ni vaincus.