A peine élu, le nouveau président du Brésil, Jair Bolsonaro, a confirmé sa volonté (déjà affichée durant la campagne électorale) de transférer l’ambassade du Brésil en Israël de Tel-Aviv à Jérusalem.
Un acte de rupture pour la diplomatie brésilienne, mais qui ne fait que confirmer la conjonction entre l’extrême-droite évangéliste et Israël. Ces sionistes chrétiens considèrent que la création de l’État d’Israël répond aux prophéties bibliques et prépare le retour de Jésus comme Christ en gloire de l’Apocalypse… Une croyance messianique défendue par des fondamentalistes religieux, dont les Palestiniens sont directement victimes. A telle enseigne que dans le monde occidental, le soutien de ces évangéliques (américains, brésiliens et autres) à Israël s’avère plus inconditionnel que sur celui de la diaspora juive…
Imitant le geste du président américain Donald Trump, cette décision a été immédiatement saluée. Et par le conseiller de la Maison-Blanche à la Sécurité nationale, John Bolton et par Benjamin Nétanyahou. « Je félicite mon ami le président élu du Brésil Jair Bolsonaro pour son intention de déplacer l’ambassade brésilienne à Jérusalem, un pas historique, juste et enthousiasmant », a déclaré le Premier ministre israélien.
Absence de solidarité arabe sur la question de Jérusalem
Silence radio du côté des grandes capitales arabes. L’absence de cohésion politique et la prévalence des logiques d’intérêts nationaux sur le principe de solidarité arabe empêchent toute dynamique politique unitaire en faveur du peuple palestinien. La focalisation sur l’ennemi iranien détourne les monarchies du Golfe de tout principe de solidarité et conduit même à une banalisation des relations avec l’ennemi d’hier.
Après l’annexion de la partie arabe de la ville, la Knesset a déclaré– en décembre 1980– Jérusalem « réunifiée » comme « capitale » (« éternelle et indivisible ») de l’État d’Israël. Une revendication rejetée par la majeure partie de la communauté internationale, à l’exception notable désormais des États-Unis, qui s’oppose frontalement à la volonté des Palestiniens de faire de Jérusalem-Est la capitale de leur hypothétique futur État. Ces prétentions antagonistes s’inscrivent dans l’histoire même du conflit israélo-arabe et israélo-palestinien.
Quand la CIJ vient à la rescousse
L’Assemblée générale a alors saisi la Cour internationale de Justice (CIJ) pour obtenir son avis sur les conséquences, au regard du droit international, de l’édification d’un mur. Ainsi, dans son avis consultatif du 9 juillet 2004, la CIJ a conclu à l’illégalité du mur de séparation, car il concrétise une annexion de territoires occupés. Et son emplacement ne peut être justifié par des raisons de sécurité nationale. Dans son argumentaire, la Cour précise que « l’édification du mur qu’Israël, puissance occupante, est en train de construire dans le territoire palestinien occupé, y compris à l’intérieur et sur le pourtour de Jérusalem-Est, et le régime qui lui est associé, sont contraires au droit international. » Et de conclure : « Israël est dans l’obligation de réparer tous les dommages causés par la construction du mur dans le territoire palestinien occupé, y compris à l’intérieur et sur le pourtour de Jérusalem-Est. »…
La question de l’unité palestinienne
Faute d’accord de paix israélo-palestinien, la réconciliation inter-palestinienne doit enfin se concrétiser au-delà des accords de façade. Comment créer un État palestinien en l’absence d’unité palestinienne ? Plus largement, l’avenir politique des Palestiniens passe par une « double paix » : extérieure, avec les Israéliens, et intérieure, entre le Fatah (à la tête de l’Autorité palestinienne) et le Hamas (au pouvoir à Gaza). Ces deux éléments sont-ils contradictoires– comme l’affirme Benyamin Netanyahou– ou complémentaires, comme nous le pensons ?
En attendant que l’Histoire tranche, il revient aux responsables palestiniens d’être à la hauteur des espoirs de leur peuple, fatigué par les trahisons politiques qui ont marqué son histoire moderne. Or pour l’instant, ils ne sont pas à la hauteur…