L’arrivée de la voiture électrique est un vrai choc pour une industrie automobile en pleine mutation.
Les pressions ne cessent de s’accroître dans un monde où le prix du carburant semble être durablement inscrit dans une tendance haussière alors que le pouvoir d’achat suit une courbe inverse.
Un enjeu pour l’industrie électrique et mécanique
Mais pour la Tunisie, l’un des rares pays en développement où les nouvelles immatriculations reculent, le choc serait double. Nous ne sommes pas des constructeurs, mais plutôt un hub de production de composantes de voitures. D’ailleurs, il s’agit de l’un des rares secteurs qui se porte bien côté exportations.
Ainsi, tout changement brusque risque de mettre en péril toute une industrie stratégique. L’impact dans les pays donneurs d’ordre est déjà significatif. Les derniers chiffres en Allemagne montrent que le développement de la voiture électrique menace 75 000 postes d’emplois dans le secteur d’ici 2030. Ce chiffre se base sur le scénario d’un parc automobiles où les voitures électriques et hybrides représentent, respectivement, 25% et 15%. Si la mutation s’avère plus rapide, les conséquences seront plus graves. La voiture électrique a besoin de 20 fois moins de pièces pour fabriquer son moteur et les besoins de mains d’œuvre sont réduits.
Le paysage industriel sera à modifier
Avec cette tendance, il est légitime de s’inquiéter quant à la capacité des acteurs locaux à ajuster leur offre à une demande qui évolue. Les fabricants des câbles sont les moins exposés à ces changements. Mais pour ceux qui fabriquent les filtres et les batteries, la disparition des moteurs à combustion est une mauvaise affaire. La voiture électrique ne dispose pas d’un embrayage, ni d’une boîte de vitesses. Elle est conçue de façon à ce que la simple pression sur la pédale de l’accélérateur déclenche la batterie qui envoie le courant nécessaire pour faire tourner le moteur.
Nous avons donc besoin d’une refonte du cadre légal, afin de favoriser la création d’une nouvelle génération d’industriels qui fabriquent les composantes destinées aux voitures électriques. Le pays ne supporterait pas la perte d’une source aussi importante de devises et, surtout, de capacité de création d’emploi. L’une des meilleures nouvelles que nous avons entendues récemment reste la création de 5 000 emplois par Leoni, notamment parmi les universitaires et les techniciens.
Avantages fiscaux aux profits des distributeurs
Pour le moment, les avancés réalisées en Tunisie ont concerné plutôt les concessionnaires. Ainsi, les distributeurs des voitures électriques ont bénéficié d’un avantage consistant en la réduction de 30% des droits de consommation. Ce n’est pas rien en termes de compétitivité. Cela peut constituer une précieuse aide pour se faire une place dans le marché, si petit qu’il soit.
Mais le développement des ventes reste tributaire de plusieurs facteurs. D’abord, il y a la consommation de ces voitures. En pratique, recharger son véhicule chez-soi va engendrer un coût qui risque d’être théoriquement supérieur à celui causé par un simple passage au kiosque. Ces voitures consomment pas moins de 20 kWh/100 kilomètres. A chacun de se livrer à un petit exercice intellectuel pour calculer le coût de sa consommation selon l’utilisation de son moyen de transport.
L’Etat, catalyseur de demande
Ensuite, dans tous les pays où les ventes sont en progression exponentielle, la politique du gouvernement reste un catalyseur important. En Europe, il y a des bornes de recharge disponibles qui permettent aux propriétaires de ces voitures de recharger les batteries. Est-ce qu’un tel dispositif serait possible en Tunisie ? Honnêtement, la réponse est négative.
Néanmoins, l’exécutif pourrait aider autrement, en lançant le renouvellement de son parc à travers des acquisitions de voitures électriques. Ainsi, les voitures peuvent fonctionner la journée et passer la nuit branchées à ces bornes installées en sécurité dans les sièges des différentes entités. Le début passe donc par l’Etat qui crée une demande à développer par la suite par le consommateur retail.