L’éducation aux médias(EMI) était l’un des points évoqués lors des premières Assises internationales du journalisme qui se tiennent à Tunis.
Selon Kerim Bouzouita, conseiller et formateur médias et communication, « l’EMI a pour but de transformer un esprit vulnérable en un esprit fort capable de se défendre contre les maux du siècle : désinformation, manipulation, cyber-harcèlement, prolifération des fanatismes et endoctrinement ».
Les citoyens tunisiens étant chaque jour sous le coup de la manipulation, de la propagande et des discours de haine, une telle éducation pourrait leur être bénéfique. Il poursuit en effet : « Tous ces pièges sont simples à contourner, grâce au développement de l’esprit critique, c’est le rôle que devra assurer l’EMI en Tunisie ».
Pour ce qui est de l’éducation aux médias en France
Etienne Récamier a travaillé au CLEMI, le centre de liaison entre l’enseignement et les médias d’information. Pendant dix ans, il a participé au développement de ce type d’éducation dans Paris intra-muros.
Pour lui, les journalistes ne sont pas des objectifs. Il précise en effet: « On peut demander à un journaliste d’être honnête, mais il y aura toujours une part de subjectivité dans l’exposé de son point de vue. C’est inévitable. Car un point de vue personnel subit fatalement l’influence de l’endroit qui l’a induit ».
EMI : ce n’est pas un savoir, c’est un savoir-faire
Cela dit, l’éducation aux médias « n’est pas un savoir, mais c’est un savoir-faire », a-t-il souligné. Evoquant l’exemple d’un élève qui y est éduqué, il est capable de comprendre la pertinence qu’il évoque ». Il souligne: « L’éducation aux médias reste marginale parce que c’est une préoccupation qui vient parfois après ce qu’on appelle les apprentissages fondamentaux. Mais de nombreux enseignants, qui ont une fibre militante, font en sorte qu’elle se développe. Il faut un véritable soutien institutionnel pour aider les enseignants à la développer , ce qui n’est pas toujours le cas ».
M. Récamier précise également: « On est à une époque complexe parce qu’il y a les médias traditionnels et les réseaux sociaux qui véhiculent des informations. Ce n’est pas parce qu’ils sont traditionnels qu’ils ne sont pas orientés. On parle beaucoup de Fake news. Il y a des Fake news partout. On doit apprendre aux élèves à détecter la » bonne » information de la » mauvaise « .
Et de conclure: « D’où ce travail nécessaire sur les sources, la fabrication de l’information et l’indépendance des médias par rapport, par exemple, aux enjeux économiques. Ceux qui sont indépendants des enjeux économiques ou politiques, il faut savoir les déceler. En France, quelque uns sont indépendants, mais ils sont très rares. On peut citer Le Canard enchaîné, Médiapart ».