La nouvelle vient de tomber. Le projet de loi sur l’égalité successorale vient d’être adopté en ce vendredi 23 novembre au Conseil des ministres présidé par le Président de la République Béji Caïd Essebsi. Une journée qui coïncide avec le lancement d’une campagne pour l’égalité successorale à l’initiative des associations féministes de la région. Cette campagne a permis d’élargir le cercle des défenseurs de l’égalité dans l’héritage.
Aujourd’hui, l’ATFD et la FIDH continuent à renforcer cette mobilisation croissante pour l’égalité en matière successorale et organisent un séminaire les 23 et 24 novembre à Tunis. Etalé sur deux jours, ce séminaire réunit une trentaine d’experts de la région maghrébine.
La rencontre vise à élaborer un argumentaire basé sur un cadre référentiel partagé au niveau maghrébin en vue de l’égalité dans l’héritage tenant compte des systèmes juridiques, des pratiques sociales et des représentations, des stratégies d’exclusion totale des femmes de l’héritage et de contournement des règles inégalitaires.
La liberté doit être consacrée par le droit
-Rédiger une plateforme de revendications juridiques maghrébines en faveur de l’égalité successorale pour la réforme des législations de la région.
Présente lors du colloque, Hafidha Chékir, vice-présidente de la FIDH, met l’accent sur l’importance de ce projet de loi. Elle souligne: « Une loi qui consacre l’égalité pleine et entière. On ne peut pas accepter aujourd’hui une consécration du principe de l’égalité entre les hommes et les femmes en droit et en devoir alors qu’on garde des lois fondées sur l’inégalité, même du point de vue du droit ». Et de poursuivre: « La liberté doit être consacrée par le droit ».
La Tunisie est le pays des contrastes. Entre ceux qui sont pour l’égalité et d’autres non, le 13 août a marqué un grand tournant où des hommes et des femmes sont descendus à l’avenue Habib Bourguiba pour soutenir cette initiative. Mme Chékir indique: « Ce qui est sûr est que les Tunisiens sont partagés sur cette question en particulier, c’est une réalité. C’est ce qui fait peut-être la richesse ».
Par ailleurs, la présidente de l’ATFD, Yosra Frawes est revenue sur l’historique, en déclarant: « Ce débat a commencé à l’échelle maghrébine en 2006, l’ATFD a déjà élaboré et publié ses premiers arguments dans l’égalité dans l’héritage ».
Evoquant qu’en Tunisie, « on est un peu plus avancé car il y a cette volonté politique de concrétiser l’égalité dans l’héritage », poursuit-elle. Et d’ajouter: « Pour nous, c’est un grand pas franchi car nous nous attendons à ce qu’il y ait des blocs parlementaires favorables ».
Egalité dans l’héritage: le 23 novembre, une date symbolique
Selon elle, cet éveil collectif est essentiel. Le 23 novembre restera dans les annales, pour une bonne partie des femmes démocrates. Mme Frawes souligne: » C’est une date symbolique. Une journée historique pour le monde arabe une fois que la loi sera adoptée ».
» Ce projet de loi sera voté », affirme de son côté, Ayda Ben Chaabane, présidente du Réseau Coalition pour les Femmes de Tunisie.
Interrogée si les députés voteraient pour ou contre? Mme Ben Chaabane a répondu: » A mon avis, les islamistes n’arrêtent pas d’essayer de nous convaincre que leur parti est un parti civil progressiste. Ils ont là une bonne occasion de le prouver en votant la loi« .
Elle conclut: « Un combat juste de toutes les femmes. Elles doivent lutter pour concrétiser cette réalité car elles le méritent. Et elles ne sont pas Tunisiennes pour rien ».