La visite éclair du Prince héritier saoudien Mohammed Ibn Salmane (MBS) à Tunis hier, en tournée dans les pays arabes, a soulevé la controverse. Après cette tournée, le Prince héritier se rendra au sommet du G20 à Buenos Aires. Le Président Béji Caid Essebsi l’a accueilli sur le tarmac de l’aéroport de Tunis.
La rencontre a été très peu médiatisée car la société civile s’opposait à sa venue en Tunisie.
Habituellement les visites des dirigeants arabes se déroulent en fanfare en Tunisie. Le tapis rouge leur était déroulé et les dirigeants tunisiens ne cessaient de faire la courbette devant eux. Ce temps est désormais révolu, la société civile peut afficher ses positions.
Hier, le trajet entre l’aéroport de Tunis et le palais de Carthage n’affichait qu’une dizaine d’emblèmes saoudiens. Pas de fleurs!
Quelques heures de visite officielle, aucune conférence de presse, pas d’annonces sur les investissements saoudiens. Elle s’est déroulée en catimini, signe que cette visite embarrasse. Cette visite d’un haut dignitaire saoudien est la première depuis la révolution de 2011.
Mohammed Ibn Salmane : l’argent taché du sang de Kashoggi , la Tunisie n’en veut pas !
Le peuple tunisien est un peuple digne et fier. Si certains pays voient dans cette affaire l’opportunité d’avoir des contrats d’investissement de l’Arabie Saoudite, les Tunisiens ne voient pas les choses du même oeil !
Quelques mètres plus loin, une autre affiche au siège de l’Association des femmes démocrates (ATFD) le montrant en habit traditionnel avec un fouet à la main avec le message : « Nous ne souhaitons pas la bienvenue au fouetteur de femmes. » « Non à la profanation de la Tunisie, terre révolutionnaire ».
Le Washington Post : Paul Schemm salue l’exception tunisienne, un peuple qui ose protester contre la venue de MBS
La Tunisie est aujourd’hui le seul pays pays arabe où l’on peut afficher de telles positions. Après les soulèvements du Printemps arabe, la démocratisation est en « cours.
« Seuls dans le monde arabe, les Tunisiens ont protesté contre la visite du Prince héritier saoudien », ainsi titrait l’article de Paul Schemm sur le site du Washington Post.
« En général, les dirigeants arabes ne s’inquiètent pas des manifestants lorsqu’ils rendent visite à leurs voisins. Il existe depuis longtemps une sorte de code informel interdisant de critiquer les pays frères et leurs chefs d’État lorsqu’ils leur rendent visite ».
À la suite des soulèvements pro-démocratiques du Printemps arabe et de la répression généralisée qui a suivi, cela reste vrai – à quelques exceptions près. L’un d’entre eux se trouve être la Tunisie.
« Dans le pays d’Afrique du Nord qui a renversé le dictateur de longue date Zine el-Abidine Ben Ali, la liberté de réunion et d’expression reste intacte. Les gens ont donc pu dire qu’ils n’étaient pas ravis de la visite du Prince héritier saoudien Mohammed Ibn Salmane, ce mardi. » ainsi débutait l’article de Paul Schemm.
Enfin, le peuple tunisien uni pour une cause est grand !