Le Conseil d’Analyses Economiques travaille actuellement sur l’élaboration de six pactes sectoriels. Ils portent sur un échantillon de secteurs tels les textiles, habillement, cuir et chaussures. Mais aussi sur les technologies de l’information et de la communication, l’agriculture…
Ainsi, le plan de relance 2019-2020 élaboré par le CAE propose des instruments sectoriels à mettre en œuvre à court terme. Ces instruments devraient être consignés de façon exhaustive dans des pactes de compétitivité. Pactes à établir entre, d’une part, l’Etat et, d’autre part, le secteur privé. Ce dernier doit s’engager sur la réalisation d’objectifs d’investissement, d’exportation et de création d’emplois.
Textile & habillement : parole aux professionnels
Rencontré lors d’une table ronde organisée par le CAE, Néjib Karafi, directeur général de la Fédération tunisienne du textile et de l’habillement, a notamment plaidé pour la mise en place des règles de concurrence loyale.
En effet, Néjib Karafi a jugé ce plan de relance 2019-2020 très intéressant pour les professionnels du secteur textile & habillement.
Car, « ce plan de relance est un cadre de travail qui vient à point nommé parce que le secteur est en pleine reprise. Celle-ci restera très fragile si elle n’est pas accompagnée par certaines mesures », explique M. Karafi.
Et d’ajouter que ce genre de travail stratégique permettra aux professionnels d’avoir une vision claire, même s’il se réalise sur deux ans. Il servira également à concevoir l’avenir de ce secteur stratégique qui a besoin de financement et d’infrastructure.
En outre, pour mieux développer le secteur, Néjib Karafi a rappelé que les professionnels ont formulé leurs propres propositions. Sur lesquelles ils sont d’ailleurs d’accord avec la Présidence du gouvernement et le Conseil d’Analyse Economique.
Mesures d’accompagnement, lobbying et diplomatie économique
Toutefois, le directeur général de la Fédération tunisienne du textile et de l’habillement a souligné que ce plan de relance manque de mesures d’accompagnement en matière de lobbying. Car, le secteur a besoin d’une forte diplomatie économique.
D’ailleurs, selon Néjib Karafi, le vrai débat aujourd’hui concerne deux grands problèmes avec deux grands marchés, à savoir : le marché européen avec ses 500 millions de consommateurs et le marché nord-américain d’environ 300 millions de consommateurs. Le textile tunisien est absent sur le deuxième marché.
S’agissant du marché européen, malgré l’accord de libre-échange, on constate une certaine ségrégation négative vis-à-vis de la Tunisie. Elle était, il n’y a pas longtemps, le premier fournisseur de l’Union européenne. Alors que l’UE a accordé plusieurs avantages à d’autres pays concurrents à la Tunisie.
Rationaliser les importations
De plus, Néjib Karafi estime que le textile tunisien fait face aujourd’hui à plusieurs problématiques. Celles du financement, de l’attractivité des jeunes pour le secteur, de l’image du secteur en Tunisie et de la rationalisation des importations (fripe, franchise…).
Enfin, « de fausses déclarations de prix et de quantités en matière sont présentées. Ces pratiques sont généralement accompagnées d’un manque de contrôle technique rigoureux à l’importation », regrette M. Karafi.
Pour conclure, M. Karafi n’a pas manqué d’appeler à appliquer la loi en vigueur. Et à imposer les règles de concurrence loyale entre tous les acteurs économiques. « Il faut établir des « prix-tendance » et des normes de contrôle-qualité à l’importation », recommande-t-il.