De Paris à Marseille, les gilets jaunes se sont mobilisés un peu partout dans l’ensemble du territoire français. Des manifestations tendues. Tel est le point d’ordre ressenti par les médias français. Cela dit, la question est de savoir pourquoi il y a une telle colère et que faut-il en déduire?
Céline déclare : « Comme nous le voyons et l’entendons de plus en plus , une très grande colère des gilets jaunes qui ne trouvent plus d’espace d’écoute pour s’exprimer avec la présence de tiers (partis politiques (de gauche) , syndicats, institutions…) dans lesquels chacun peut se sentir représenté. A cette occasion, je pense que se pose aussi le débat sur la constitution de la 5e République et la question de la non représentativité des petits et tout petits partis à l’Assemblée, ainsi que la présence d’un « président-monarque ».
Et de poursuivre: « Parallèlement à ça, nous avons un gouvernement qui depuis qu’il est au pouvoir n’a fait qu’exiger du citoyen de prendre sur lui. Les solutions aux problèmes sont à rechercher à un niveau personnel ? Aussi pas très étonnant que la notion de société en tant qu’organisation collective se dilue. De ce fait, les groupes qui ont la gouvernance des nations ne viennent pas du peuple et ne le représentent pas. Ils défendent des intérêts financiers dont le peuple est exclu… Dans ce contexte il est difficile de se faire entendre par d’autres moyens que la rue… »
Jean Philippe souligne de son côté que les représentants actuels de l’oligarchie française passent leur temps à faire la morale au reste du monde et ils sont incapables d’entendre leur propre peuple quand celui-ci demande à être écouté et entendu.
Quelle serait la solution?
A cette question, il répond: « Que le monde politique français reprenne ses esprits et prête un peu plus attention à ses citoyens… C’est bien de briller dans les salons, encore faudrait-il chausser ses bottes et arpenter la campagne et discuter avec les gens… Mais ça risque de leur demander un gros effort. »
Que pensent les Tunisiens des gilets jaunes?
Pour Taoufik, la question est de savoir à qui profite le crime? Il précise en effet: “Le président français lâchera-t-il prise ou non. Du jamais vu qu’il y ait une telle bataille des jeunes en France. Mais je me demande ce qui se cache derrière pour déstabiliser tout un pays”.
De son côté, Leith Ben Becher, militant de la société civile et ancien président du syndicat des agriculteurs Synagri souligne : »Cette contestation inédite d’un mouvement sans leader ni structuration face à un président et une majorité politique qui se présentaient comme novateurs et dépassant les clivages classiques gauche/droite, représente une sorte de rupture épistémologique dans les rapports entre pouvoir et contre pouvoir. Il s’agit d’un mouvement qui exprime un ras- le- bol. »
En clair, la grogne monte depuis plusieurs années en France.
« Les raisons sont faciles à décrypter », affirme Kerim Bouzouita, docteur en anthropologie.
Selon lui, depuis que la gauche mène des politiques de droite, le clivage gauche-droite s’est dilué. Du coup, il n’y a plus de forces politiques qui se mobilisent pour des politiques de « justice sociale ».
Dans un contexte politique particulier, les politiques fiscales depuis le mandat Sarkozy favorisent les plus riches parmi les riches. Les classes moyennes et populaires perdent à chaque mandat des acquis sociaux. Et la convergence des revendications de ses différents mouvements risque de se transformer en révolte.
Il ajoute: « A mon sens, la révolte est inévitable, ce n’est qu’une question de temps ».
Qu’en est-il de la Tunisie ?
Il conclut: » En Tunisie, la situation est différente. Depuis 30 ans, les politiques publiques surtout fiscales, cherchent à acheter la paix sociale à tout prix. Du coup, les revendications sont anesthésiées, mais le prix à payer est un exode massif des jeunes actifs vers les pays développés ».