Selon le journal « Le Monde », « Il y a pile un an, Emmanuel Macron laissait entendre qu’il souhaitait commémorer les événements de Mai 68. Soutenu par plusieurs figures du mouvement étudiant cinquantenaire, comme Daniel Cohn-Bendit, Romain Goupil ou encore Roland Castro, le chef de l’Etat a longuement hésité à rendre hommage à ces événements fondateurs dans l’histoire sociale française. Pour finalement renoncer. »
Il a renoncé, mais il était à mille lieux de penser que sa présidence allait être confrontée à des événements beaucoup plus violents et beaucoup plus dramatiques que ceux qui avaient secoué la France il y a un demi-siècle.
La blessure infligée à la France en cet hiver 2018 est plus douloureuse que celle qu’elle avait subie au printemps 1968. Les Français, consternés par l’intensité de la violence des manifestations du 1er décembre en sont à se demander comment en est-on arrivé là ? Comment une banale augmentation de taxe sur les carburants a-t-elle engendré un tel chaos à Paris et dans plusieurs villes de province ?
Les dizaines de carcasses de véhicules calcinées, les vitrines brisées de maisons de luxe et d’agences bancaires dont certaines ont été incendiées, ainsi que les vestiges de barricades jonchant les rues de Paris témoignaient le dimanche matin 2 décembre de la violence des manifestations de la veille.
Probablement depuis les événements de la Commune de Paris du printemps 1871, la capitale française n’avait pas connu un saccage aussi dévastateur, ni un tel nombre d’incendies et de destructions de biens publics et privés.
Depuis sa construction en 1806, l’Arc de Triomphe, joyau de Paris et symbole de la République, n’a jamais connu une telle profanation. Les manifestants se sont infiltrés à l’intérieur et ont tout saccagé. Même la statue de Marianne, symbole de la République française, n’a pas échappé à la dévastation. Sa figure a été fracassée, un message clair que les manifestants adressaient aux responsables politiques : « cette République qui marginalise le grand nombre et protège les privilèges du petit nombre, nous n’en voulons pas. »
Selon un sondage publié en avril dernier, la politique économique d’Emmanuel Macron est jugée « socialement injuste » par 72% des Français. 70 % des sondés la jugent « favorable aux entreprises » et 69 % la décrivent comme étant « une politique de droite ».
Entre une politique fiscale injuste favorisant les grandes fortunes et une politique fiscale juste favorisant la redistribution, il semble que le président Macron a fait son choix. Quand on supprime l’impôt sur les grandes fortunes et on décide une baisse des prestations sociales envers certaines catégories de populations fragiles (étudiants, personnes âgées dépendantes…), on ne sert pas la paix sociale et la stabilité politique.
Quand Macron diminue le taux d’imposition des plus fortunés et n’éprouve aucun scrupule à prendre des mesures aussi futiles que celle qui consiste à diminuer de cinq euros l’aide au logement des plus démunis, il ne faut pas qu’il s’étonne de se voir coller l’étiquette de « président des riches. »
465.000 ans
Président des riches, il l’est assurément. C’est sa « politique macron-économique » qui, par l’aggravation des inégalités sociales, l’accroissement honteux des grandes fortunes et l’effondrement du pouvoir d’achat des couches modestes qu’elle a engendrés, a poussé la majorité des Français à se détourner de leur président dont la popularité est au plus bas.
C’est sa « politique macron-économique » qui a poussé les plus démunis à descendre dans la rue par centaines de milliers pour crier leur colère, avec les débordements dramatiques que l’on sait.
Un citoyen français a publié ce « post » dans les réseaux sociaux : « Bernard Arnaud, l’homme le plus riche de France, a vu sa fortune augmenter en 2015 de 9, 7 milliards d’euros. C’est comme s’il gagnait 10.000 euros par minute.
Les ouvrières du Poix-du-nord qui fabriquaient les costumes Kenzo étaient payées au Smic, soit environ 20.000 euros par an (avec les cotisations retraite, chômage etc.). En une année de travail, elles touchaient l’équivalent de deux minutes de leur PDG ! Et il aurait fallu qu’elles cousent 463. 500 ans pour accumuler autant que Bernard Arnaud en douze mois. C’est-à-dire depuis l’âge du feu ! Depuis que l’‘’homo-erectus’’ a commencé à se redresser. »
Faut-il s’étonner que, quand ils lisent de telles absurdités économiques, les jeunes Français, démunis et frustrés, se comportent en vandales ? Après avoir mis la France en difficulté et son gouvernement au pied du mur, Emmanuel Macron cherche maintenant désespérément une porte de sortie, une solution à cette crise aussi profonde que subite. Aucune parade n’est possible sans un revirement de la « politique macron-économique » de 180°.