La démographie médicale sur le sol tunisien, en évolution depuis la création de l’Ordre national des Médecins de Tunisie, il y a 60 ans, change et interpelle. Celle-ci est marquée chaque année par des départs à l’étranger d’un nombre toujours plus grand de médecins. Mais aussi par des inégalités de répartition des praticiens entre les régions. Il y a urgence à trouver des solutions dans l’immédiat et à long terme.
En effet, sur le nombre de médecins en exercice, l’on compte actuellement en Tunisie 14896 médecins praticiens dont, 4036 médecins de santé publique, 2241 médecins hospitalo-universitaires, 554 médecins du secteur para-public et 8065 médecins de libre pratique.
En outre, comptant moins de médecins que le secteur de libre pratique, le secteur de la santé publique souffre. Et ce, d’autant plus qu’il draine un nombre plus important de demandeurs de soins de santé. D’une spécialité à une autre, le manque de médecins reste encore plus flagrant, notamment dans les régions à faible index de développement.
Car, avec une densité médicale moyenne sur l’ensemble du territoire tunisien de 130 médecins / 100 000 habitants, les chiffres varient grandement d’une région à une autre.
Ainsi sur la région de Tunis, la densité des médecins est de 334/ 100 000 habitants, tandis que celle de Sidi Bouzid est de 51/100 000 habitants.
Par ailleurs, sur l’ensemble des 24 gouvernorats du pays, les 12 gouvernorats qui abritent près de quatre millions d’habitants, ne comptent qu’un nombre restreint de médecins. Ils sont au total 3081 médecins, soit un taux de 20% de l’ensemble des médecins en exercice. C’est-à-dire que 1952 médecins généralistes (les deux tiers de l’effectif total des médecins) et 1129 spécialistes, y évoluent.
Le gouvernorat de Sidi Bouzid, qui concentre 3,91% de la population tunisienne, ne compte que 228 médecins (1,5%), dont les deux tiers sont des médecins généralistes. Les médecins spécialistes sont au nombre de 74 dont 50% de libre pratique.
De plus, l’absence de gynécologue dans le secteur public est notée dans six gouvernorats. Les radiologues sont absents dans le secteur public dans sept gouvernorats.
Démographie médicale et tendance aux départs
La démographie médicale en Tunisie, semble par ailleurs marquée par une tendance qui ne fait que s’accentuer, à savoir les départs des médecins vers l’étranger. Jusqu’au mois d’octobre 2018, 466 départs ont été comptés, dont 137 jeunes médecins. En 2015, ils étaient 222 à quitter le territoire tunisien dont 39 jeunes médecins.
Si ces départs inquiètent, ils doivent amener à se pencher sur les réelles motivations. Notamment celles des jeunes médecins qui décident de se tourner vers de nouveaux horizons.
Pourtant, malgré les difficultés et les manquements, les solutions sont envisageables.
Ainsi, pour la radiologie, la télémédecine semble constituer une solution qui peut palier à l’absence de médecins.
Cependant, les solutions ne peuvent être qu’incitatives. Elles doivent amener les médecins à se tourner vers des zones à faible index de développement. Cela passe notamment par l’amélioration des conditions de travail.
Les difficultés du secteur de la santé impactent la société tunisienne dans son ensemble. Ce n’est que par une concertation générale de tous les intervenants de la société, que des solutions viables et durables pourront être apportées.