Deux pièces tunisiennes en compétition officielle à la 20ème édition des Journées théâtrales de Carthage (JTC). Et ce du 08 au 16 décembre 2018. Il s’agit de « Juif » de Hammadi Ouhaibi, production du centre d’art dramatique et scénique de Kairouan. Et de « Point départ » de Wahid Ajmi, production Le théâtre à domicile.
Exclusivement arabe et africaine, la compétition comprend neuf autres pièces. A savoir :
- Absurdité (Maroc),
- La dernière heure (Egypte),
- Murs-murs (Rwanda),
- Hamlet dans un instant (Jordanie),
- Dans la solitude des champs du coton (Guinée),
- Étalonnage (Syrie), Mémoires qui mènent à la folie (Koweït),
- Variations sur la vie (Irak),
- Le fou (Emirats arabes unies).
De plus, d’autres pièces vont participer en marge du festival. Il s’agit de vingt pièces de théâtre tunisiennes, douze arabes et huit africaines. En outre, le programme prévoit seize pièces de théâtre pour les enfants. Et cinq représentations dans les prisons civiles de Borj Erroumi (Bizerte), Mahdia, El Haouareb (Kairouan) et Sidi El Héni (Sousse). Le nombre de pièces prévues pour les régions s’élève ainsi à 35.
Les JTC 2018 fêtent leurs 35 ans
Par ailleurs, notons que les JTC 2018 s’annoncent comme une édition anniversaire marquée par 35 ans d’existence. Créées par feu Moncef Souissi en 1984, l’événement fut organisé tous les deux ans et est devenu annuel depuis 2015. Il s’agit d’un festival pionnier en Afrique et dans le monde arabe. Et il s’est installé depuis comme un rendez-vous incontournable du théâtre du sud, avec une ouverture sur les différentes expériences du monde.
Pour fêter ces 20 ans, la manifestation sera marquée par la présence de prestigieux invités, des experts de renommée, une programmation qui s’ouvre sur les quatre continents, des colloques, des rencontres et des débats. Parmi les nouveautés de cette année, le lancement d’un concours intitulé « Marché des métiers de l’art du spectacle vivant » qui mettra en compétition les entrepreneurs et innovateurs dans le secteur culturel.
JTC 2018 : synopsis de « Juif »
La pièce « Juif » sera interprétée par Houssem Ghribi, Fetha Mahdaoui, Mohamed Sayeh, Faten Belhaj Omar, Yosra Ayed et Hiba Aidi. En résumé, Tunisie le 14 janvier 2011, le personnage Mimoun, tente de convaincre un groupe de Tunisiens de confession juive de quitter le pays pour « Israël ». Il est convaincu qu’ils ne sont plus en sécurité sur le sol tunisien. Seulement, le personnage Dalila, une jeune juive tunisienne, révolutionnaire et rebelle, tient à rester en Tunisie malgré le harcèlement subi par sa communauté. Un spectacle qui révèle des non-dits et traite d’un sujet sensible, celui de la place des juifs en Tunisie sur le plan social, culturel et politique… Les questions de la nationalité, des origines, du patriotisme et de l’appartenance en sont au centre.
A travers le parcours des personnages, leur vécu, les idées reçues et les non-dits ainsi que l’intrigue, tout y est dénoncé. Que veut dire être juif dans une nation globalement de confession musulmane? Un juif est-il condamné à vivre isolé ou bien peut-il s’adonner sans risque à des relations pacifiques avec les musulmans? Quelle place occupe-t-il dans ce pays majoritairement musulman?
JTC 2018 : synopsis de « Point de départ »
Quant à la pièce « Point de départ », elle est interprétée par Lobna Noomane, Ridha Jaballah, Nahla Zid et Khaled Ferjani. Dans cette pièce théâtrale, les personnages Hssan et Omrane se préparent pour la cérémonie de commémoration du martyr Jilani, leur père défunt, qui se tient au Palais présidentiel. Jilani tué par balles lors d’une évasion collective de la prison de Mornaguia. C’était les premiers jours de la révolution tunisienne et le policier n’a pas été accusé ni jugé depuis.
Prisonnier fugitif, ou martyr de la révolution? Six longues années d’attente après les faits, la Cour prononce son verdict au sujet du dossier N°14 et qualifie le père de «martyr» et honore sa famille.
Omrane et Nozha se sont connus au Sit-in de la «Kasbah». Ils se sont mariés peu de temps après. Au même Sit-in et usant de supercherie, Hssan a fait figure de rebelle en ôtant son uniforme de policier pour rejoindre son frère, Nozha et les révoltés.
Quant à Mabrouk, le fils de Nozha, règne autour de sa naissance une grande ambiguïté. Parrainé par Omran qu’il porte sur ses épaules le soir de la commémoration du grand-père, c’est à Mabrouk, qu’on attribuera la médaille d’honneur de l’Etat.