La journée du samedi de la 33ème édition des Journées de l’entreprise a été dédiée au travail à travers un thème sur « le Code du travail, productivité et flexibilité » organisé en présence de Noureddine Taboubi, secrétaire général de la centrale syndicale UGTT.
L’objectif de ce panel étant d’ouvrir le dialogue entre plusieurs acteurs pour formuler des propositions de réforme entre les partenaires sociaux capables de ramener à la fois des gains de productivité et le maintien de la stabilité sociale.
Ouvrant le bal du débat sur la productivité et la flexibilité au travail, Mme Leila Belkhiria Jaber, présidente de la Chambre syndicale des femmes chefs d’entreprise, a reconnu qu’il a y une crise de productivité. Pour faire face à cette défaillance, elle a recommandé d’adapter la production au marché du travail et les besoins des chefs d’entreprise en matière de flexibilité dans les contrats de travail.
Pour Noureddine Taboubi, l’amélioration de la productivité, des conditions de travail et la création de la richesse découlent de la responsabilité de toutes les parties prenantes et non pas seulement la responsabilité de l’employé. Pour lui, l’amélioration de la productivité dans le travail est aussi la responsabilité de l’Etat qui doit fournir un climat de travail meilleur.
L’avis de M. Taboubi sur le rôle de l’Etat a été partagé par Amine Ben Ayed, directeur général de MISFAT Tunisie, qui a souligné que l’Etat doit fournir aussi une atmosphère de confiance entre l’employé et l’employeur.
S’adressant aux hommes d’affaires, le secrétaire général de l’UGTT a affirmé qu’il n’y a pas de production avec des salaires modestes dans une conjoncture difficile. Pour lui, un travail décent exige un salaire décent et une protection sociale.
« Combien d’homme d’affaires ont investi dans les régions intérieures ? », s’est interrogé le secrétaire général de la centrale syndicale devant une pléiade d’hommes d’affaires. Il a, dans ce contexte, appelé certains chefs d’entreprise à accomplir leurs obligations en termes de fiscalité et d’engagement envers les caisses sociaux.
Les propos de Noureddine Taboubi ont suscité la réaction de deux représentants de la centrale patronale, à savoir Nafâa Naifer et Khalil Ghariani. Franc et clair, M. Naifer a souligné que sans l’amélioration des conditions de travail, on ne peut rien faire. « C’est devenu une obligation, mais il y a des aberrations dans le Code du travail ! », assène-t-il. Et d’ajouter que le rôle de l’UGTT est de prendre des positions courageuses.
Khalil Ghariani a, pour sa part, appelé à sécuriser davantage le parcours professionnel de l’employé à travers l’amélioration des compétences en lien avec les exigences futures de l’entreprise et du pays. « Les bureaux privés d’insertion professionnelle pourraient aider à l’insertion rapide. Il faut améliorer la gestion de carrière de l’employé », recommande Khalil Ghariani qui a appelé à engager des réformes profondes en matière de sécurité sociale.
S’agissant de l’amélioration de la productivité, M. Ghariani a tenu à souligner que la production est globale et tout un système est à réformer et à améliorer.
Ce panel sur la problématique de la productivité et de la flexibilité au travail a été aussi l’occasion pour l’IACE de présenter des recommandations appuyées par des études élaborées par des experts.
Ainsi, l’IACE a recommandé de réglementer d’abord l’activité de placement privé. La deuxième réforme présentée par l’IACE consiste à reconsidérer le régime juridique de licenciement pour des motifs personnels en instaurant un système de protection progressive compte tenu de la taille de l’entreprise et l’ancienneté du salarié. L’IACE a également recommandé d’améliorer le régime juridique de licenciement pour des motifs économiques ou technologiques par une définition précise des situations pouvant donner lieu à des licenciements pour des raisons économiques y compris la baisse des commandes et du chiffre d’affaires. Enfin, une quatrième réforme a été proposée par l’IACE et qui consiste à renforcer les relations de travail et mettre en place un vrai partenariat social pour une meilleure productivité.
« ….Le secrétaire général de l’UGTT a affirmé qu’il n’y a pas de production avec des salaires modestes »
C’est le dilemme éternel: L’employeur dit à l’employé: « Je te paie selon ta productivité.. » et l’employé dit à l’employeur: « Je travaille selon mon salaire… »
Qui va faire le premier pas?