Fuite de compétences à l’étranger ou départ de compétences ? Peu importe la terminologie utilisée pour décrire ce phénomène. Cependant, c’est l’entreprise qui supporte malheureusement les conséquences de ces départs.
Ainsi l’entreprise, qu’elle soit PME ou multinationale, se retrouve dans l’obligation de se lancer à la recherche de nouvelles compétences. La réussite de cet objectif n’est malheureusement pas garantie. Et, il ne s’agit pas uniquement de cela. Le départ d’une compétence, pour une raison ou pour un autre, représente aussi une perte pour l’entreprise qui, dans plusieurs cas de figures, a fourni plusieurs efforts pour assurer une bonne formation pratique à l’employé, afin que son profil corresponde à ses besoins économiques.
C’est dans ce cadre théorique qu’a eu lieu le premier panel du séminaire « La migration des compétences à l’ère du digital – Ampleur et piste de solutions ». Il est organisé conjointement par INFOTICA, la Chambre Nationale des Sociétés de Services et d’Ingénierie Informatique (SSII) et club DSI.
Intitulé « Fuite des compétences : Quels impacts sur les entreprises et sur la Tunisie? », le panel était l’occasion pour les différents intervenants d’exprimer l’impact sur leur entreprise. Un seul fil conducteur entre les interventions : la fuite des compétences ou quand le départ des compétences est un élément perturbateur pour les entreprises. Car trouver des remplacements n’est pas souvent garanti.
Fuite des compétences contre immigration circulaire
Contrairement aux autres intervenants, Ahmed Messaoudi, directeur général de l’immigration et de la main-d’œuvre étrangère au sein du ministère de la Formation professionnelle et de l’Emploi, a indiqué que l’immigration circulaire des compétences tunisienne ne posera pas de problèmes à partir du moment où la compétence en question reviendra en Tunisie.
L’intervenant a fait savoir que le ministère encourage l’immigration circulaire. Il la considère comme un levier de croissance et de transfert de savoir et d’expertise vers la Tunisie. M. Messaoudi a indiqué que son département accorde des permis de travail aux étrangers voulant travailler en Tunisie. Cependant, les critiques n’ont pas manqué de fuser. Plusieurs chefs d’entreprises présents dans la salle ont regretté la difficulté d’obtenir un permis de travail pour leurs employés étrangers. La Tunisie a expulsé quelques employés étrangers faute de permis de travail.
L’intervenant ne manque pas de dire qu’il suffit de consulter le site du ministère pour obtenir les informations nécessaires. Cependant, il n’existe aucune coordination entre le ministère de la Formation professionnelle et le ministère de l’Intérieur pour empêcher l’expulsion. Ainsi les chefs d’entreprises ont appelé à mettre en place une coordination entre les deux ministères.
La fuite des compétences a des causes multiples
De son côté, Abdelhafidh Ben TKhayat, Directeur général des systèmes d’information auprès de la Banque centrale de Tunisie a affirmé par la même occasion que la Banque centrale fait aussi face au problème de fuite de compétences. Il a indiqué que pendant les deux dernières années, la BCT a connu huit cas de départ. Sur un autre volet, il a fait savoir qu’à cause du départ d’un certain nombre de techniciens chez les partenaires de la Banque centrale de Tunisie, des problèmes et des soucis se sont posé au niveau de la maintenance, en 2012.
Par ailleurs, Fateh Belhadjali, executif partner de la société Veneuron, a indiqué que le problème de fuite de compétences provoque des conséquences, notamment en cas de départ du personnel sans préavis. Le départ du personnel sans préavis impacte négativement les engagements de l’entreprise avec sa clientèle. Dans le même ordre d’idées, il a indiqué que le remplacement des compétences parties n’est pas toujours une tâche aisée.
Enfin, Sahar Mechri, directrice exécutive du magazine Le Manager, a considéré lors de son intervention que le phénomène gagne du terrain. En outre, elle a fait savoir que le magazine Le Manager est en train de réaliser une étude sur le sujet de la fuite des compétences. A travers cette étude, il s’est avéré que ceux et celles qui partent ne cherchent pas uniquement une meilleure rémunération. La raison principale du départ des médecins et des ingénieurs est en rapport avec la situation générale du pays. Ils cherchent aussi une meilleure reconnaissance, la récompense et une meilleure éducation pour leurs enfants. A un moment où l’enseignement public se détériore de plus en plus.