Quelles sont les nouvelles compétences requises pour les métiers de demain ? Est-on aujourd’hui en mesure d’élaborer de manière déterministe la nomenclature de ces métiers ? Quel alignement doit-on prévoir entre les programmes du système éducatif et les besoins des entreprises en rapport avec ces nouveaux métiers ? Comment faire évoluer le cadre juridique pour accompagner ces nouvelles tendances ? Quelle collaboration envisager entre les entreprises, les universités et les acteurs de la société civile et l’économie sociale ?
L’ensemble de ces interrogations et problématiques ont fait l’objet d’une étude sur « les métiers de demain » publiée dans le document de travail de l’IACE. Ce dernier a été élaboré à l’occasion de la tenue, récemment, à Sousse de la 33ème édition des Journées de l’entreprise.
Le groupe de travail de l’IACE, composé d’un comité de supervision, un comité d’experts et un comité de rédaction a présenté, dans le cadre cette étude, plusieurs conclusions à prendre en considération.
Les auteurs de l’étude se sont notamment focalisés sur l’impact de la transformation digitale sur le marché du travail et l’adaptation de l’enseignement supérieur et la formation professionnelle aux besoins des métiers de demain. Ils ont formulé également des propositions de réformes innovantes pour s’aligner sur les futurs profils du marché du travail.
Bouleversements
Ainsi, la transformation digitale provoque inévitablement des bouleversements profonds dans l’entreprise, impactant non seulement sa stratégie commerciale et marketing, mais aussi, ses modes opératoires, ses processus métiers, sa structure organisationnelle, sa politique RH et tout son business modèle.
La révolution digitale risque de déstabiliser les grands équilibres économiques, sociaux et géographiques : polarisation des revenus et des chaînes de valeur, accroissement des inégalités. Ses effets seront plus frappants en termes de fragilisation, non seulement des emplois peu qualifiés et faiblement rémunérés, aussi bien dans l’industrie que dans le secteur tertiaire, mais aussi des fonctions administratives en entreprise, des métiers juridiques, ou des emplois d’encadrement intermédiaire constitués majoritairement d’activités facilement automatisables.
A l’ère de l’économie digitale, le rapport au travail subit un grand changement sur le plan individuel, collectif, et environnement du travail. De nouvelles formes de travail sont en train d’émerger à l’instar du télétravail, du travail nomade, les free lancers, le travail dans l’économie sociale…
Les entreprises adoptent des modes de management plus délégatifs, moins hiérarchisés, plus responsabilisant et incitant à la libération de l’intelligence collective et le développement de l’innovation participative.
Réformes de rupture
Pour répondre à l’ensemble des interrogations et problématiques, l’étude a proposé une série de réformes de rupture :
- La réforme du système éducatif : par la généralisation des programmes de « Digital Literacy », la mise à niveau des cursus de formation, la formation et l’habilitation des professeurs, et l’introduction de nouvelles filières préparant aux métiers de demain.
- La réforme de la législation du travail : pour la prise en compte des nouvelles formes de travail (télétravail, travail nomade, statut de free lancer, le travail dans l’économie sociale), et l’assouplissement des conventions collectives.
- L’adoption d’un cadre légal pour promouvoir l’innovation, réguler la création d’un écosystème d’innovation, et réglementer la création de la propriété intellectuelle issue de l’innovation qui pourrait résulter de la collaboration entre l’entreprise et l’université, ou de l’innovation collaborative
- Le développement des programmes de citoyenneté et l’action de la société civile : afin de contribuer à développer les compétences digitales par des programmes de formation financés par les entreprises (école de code, co-création de cursus de mastère…).
- La société civile peut également jouer un rôle très important, et faire la liaison entre l’université et l’entreprise, dans une logique de partenariat Public-Privé Associatif, par le développement de programmes de formation et de reconversion professionnelle.