L’ancien ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique en Tunisie, Jacob Wallace, a pointé du doigt la responsabilité et la nonchalance de la Troïka avec les djihadistes. De même, il a considéré que la conjoncture de l’après-2011 a favorisé le terrorisme .
En effet, l’ancien ambassadeur a donné une conférence intitulée « Les combattants étrangers tunisiens » en date du 10 décembre, au Washington Institute. Il a rappelé que le gouvernement tunisien a décidé une amnistie générale en faveur de plusieurs prisonniers politiques. Dont des djihadistes dangereux qui ont été libérés.
L’ancien ambassadeur a affirmé que le gouvernement de la troïka, qui a gouverné de 2012 à 2013, a toléré les activités djihadistes et a facilité l’embrigadement des jeunes et leur envoi vers la Syrie, l’Irak et la Libye.
En effet,l’ancien ambassadeur a étayé ses propos en déclarant que depuis le soulèvement les gouvernements qui se sont succédé ont tour à tour adopté une approche différente vis-à-vis du terrorisme. Trois étapes sont à considérer : la première étape de 2011 à 2012 a vu le gouvernement en place favoriser les activités d’embrigadement des jeunes du groupe terroriste Anssar Achariaa et d’autres mouvements extrémistes.
La deuxième étape de 2012 à 2014: les terroristes ont commencé à exécuter des attaques en Tunisie comme l’attaque contre l’ambassade américaine puis les deux assassinats politiques en 2013.
La troisième étape de 2014 à 2015 a vu le gouvernement technocrate de Mehdi Jomâa prendre conscience qu’il fallait agir vite et barrer la route aux terroristes. C’est l’époque où la Tunisie a commence à renforcer sa coopération avec les Etats-unis et d’autres partenaires étrangers en matière de sécurité. Entre-temps il y a eu l’attaque du musée du Bardo et celle d’un hôtel à Sousse. D’où l’adoption par l’ARP de la loi organique n° 2015-26 du 7 août 2015, relative à la lutte contre le terrorisme et la répression du blanchiment d’argent.
Ces mesures ont incité les terroristes à quitter le pays en grand nombre pour exécuter des actes terroristes de l’étranger. « Le flux de terroristes quittant la Tunisie a coïncidé avec l’émergence de l’organisation terroriste Daech », fait-il remarquer.
La quatrième étape a commencé en 2014 jusqu’à aujourd’hui. La question du retour des terroristes des zones de conflits a pris toute son acuité. Wallas a affirmé que les forces de l’ordre sont capables d’identifier les terroristes de retour mais n’ont pas les moyens nécessaires pour les contrôler.
De plus il a pointé la situation désastreuse des prisons civiles qui sont archicombles et constituent un terreau fertile d’embrigadement pour les terroristes. Les aides provenant de plusieurs pays et des Etats-unis en particulier pour la gestion des prisons ne peuvent à elles seules résoudre le problème de la radicalisation qui est intimement liée aux problèmes socioéconomiques du pays tels le chômage persistant, l’appauvrissement d’une grande partie de la population déjà frappée par la précarité.