L’Institut tunisien de la compétitivité et des études quantitatives (ITCEQ) vient de publier sa Revue de la conjoncture économique pour le mois de décembre 2018.
Dressant un tableau de bord économique, la revue a mis l’accent sur les principaux indicateurs économiques pour le mois courant, réalisé avec l’assistance de l’Arab Financial Consultants (AFC). La revue a procédé à un focus économique sur le financement de la dette de l’Etat tunisien.
L’ITCEQ estime que les besoins de financement du budget sont plus en plus importants et devraient dépasser les 10 milliards de dinars en 2019. Ces besoins peuvent être financés soit par des emprunts intérieurs soit par des emprunts extérieurs.
Selon l’ITCEQ, le financement extérieur dépend en partie du programme avec le FMI et de la capacité du pays de sortie sur les marchés financiers internationaux. Cette situation est extrêmement fragile et exige beaucoup de vigilance, d’autant plus que l’Etat doit lever aux alentours de deux milliards de dinars pour boucler le financement de 2018.
Les besoins de financement (recettes d’emprunts) devraient s’accroître de 4.6% sur fond de stagnation des emprunts intérieurs et une hausse des emprunts extérieurs de 5.9%.
Concernant la dette publique, la Loi de finances 2019 prévoit une hausse de l’encours de la dette publique de 9%. Mais différenciée dans sa composition, la dette intérieure progresserait de 5%, tandis que la dette extérieure devrait croître de 10.6%.
Une compétitivité en dessous du potentiel
Selon l’éditorial de la revue, plusieurs indicateurs témoignent d’un net rebond de l’activité de l’économie tunisienne. La plupart des secteurs y participent, les principaux secteurs moteurs étant l’agriculture, le tourisme. Et depuis peu l’industrie, tirée par une reprise européenne cependant très incertaine.
La reprise de la consommation reste encore peu assurée en raison notamment de la légère baisse du pouvoir d’achat et du resserrement monétaire. En outre, la compétitivité tunisienne demeure en dessous de son potentiel.
Les deux maillons faibles de la reprise sont d’une part la consommation et d’autre part le commerce extérieur. La consommation bute aujourd’hui sur l’inflation. En effet, la hausse des prix ralentit largement la consommation privée. De même, le resserrement des crédits et les incertitudes économiques et politiques font que la confiance des consommateurs demeure à un niveau assez faible.
Compétitivité médiocre
Les échanges extérieurs ne traduisent pas une position de compétitivité globalement satisfaisante pour la Tunisie. Le déficit commercial s’élargit d’un mois à un autre et ce malgré les prémices de croissance.
Les exportations ont repris leur expansion, mais les importations augmentent plus rapidement que les exportations, malgré une dépréciation du taux de change.
Croissance : performance moyenne
Les exportations tunisiennes ont augmenté de 19.9% pour les onze premiers mois de 2018. Quant aux importations, leur valeur s’est accrue de 20.1%. Bien que ces écarts soient très minimes, ils comportent probablement une composante conjoncturelle qui pourrait s’atténuer, mais leur ampleur mérite attention. Il convient aujourd’hui de ne pas se tromper d’objectif. La Tunisie a une performance moyenne en termes de croissance et un problème de compétitivité.
Le taux de croissance du PIB au quatrième trimestre 2018 sera connu le 15 février, il pourrait être à l’ordre de 2.5%, voire un peu plus. Cependant, il faut rappeler que le dernier trimestre 2017 n’était pas très médiocre, avec un taux de croissance en rythme annualisé de 2%. La moyenne des trois derniers trimestres connus est ainsi de l’ordre de 2.6% l’an, ce qui correspond à la tendance actuelle de la croissance économique en Tunisie.
Marges de politique économique très limitées
Les perspectives de croissance à court terme pour l’économie tunisienne demeurent pour le moment favorables. Dans l’immédiat, c’est-à-dire jusqu’à la fin de l’année, les informations économiques resteront positives, ce qui devrait ramener la croissance vers une tendance de 2.6% l’an.
L’ITCEQ privilégie un scénario d’une reprise modérée de la croissance et de taux d’intérêt persistant durablement à un niveau très élevé. L’argument économique principal est que les gains de pouvoir d’achat des revenus salariaux sont très modestes et que les profits importants seront faiblement réinvestis.
Au total, la croissance économique serait probablement privée de moteur. La persistance de taux d’intérêt à un niveau élevé s’expliquerait dans cette prévision par la hausse de l’inflation.