L’endoctrinement des jeunes, les départs dans les zones de conflit ( Irak et Syrie) touchent également les femmes. L’actualité du 29 octobre 2018 au coeur de Tunis, plus précisément à l’avenue Habib Bourguiba, a donné à voir une nouvelle forme de terrorisme féminin. Le cas de la femme-kamikaze âgé de 30 ans a brutalement rappelé cette évidence.
Longtemps considérées comme de simples suiveuses dans les zones de conflit, elles sont plus connues sous le nom de “Djihad Nikah”. Aujourd’hui, les femmes djihadistes constituent le thème du débat, lancé par l’Institut tunisien des études stratégiques, “ Terrorisme et femmes”.
Il s’agit de femmes soumises, de femmes au foyer la plupart du temps qui se sentent perdues. Sans espoir d’un avenir meilleur pour elles-mêmes ou leur progéniture. Tel est le profil type qu’a soulevé Amel Grami universitaire et islamologue tunisienne spécialiste en civilisation, genre et droits des femmes et auteure du livre: « Les femmes et le terrorisme ».
Selon elle, elles sont armées et entraînées, des mères perdues, épouses promises, et parties en Syrie ou en Irak.
Amel Grami: « Ce qu’elles cherchent c’est la quête de sens »
Elle a recueilli plusieurs témoignages lui permettant d’expliquer le phénomène. La justification principale est leur quête de sens, ce besoin d’affirmer qu’elles existent, qu’elles font partie de la société. Elle ajoute : « Ce sont des personnes qui à un certain moment de leur vie ont pris conscience qu’elles ne se sont pas réalisées. Pour elles, le fait d’appartenir à un groupe de jihadistes, c’est de montrer qu’elles sont là. Elles ne sont pas connues et veulent entrer dans l’histoire ».
Elle poursuit: » La plupart d’entre elles veulent devenir héroïnes. La question n’est pas seulement liée à une lecture religieuse ».
Neji Jalloul, directeur de l’ITES, a focalisé son intervention sur la capacité de Daech à donner une identité à ceux qui se sentent exclus en Europe comme ailleurs. Il souligne: « Le terrorisme est un phénomène globalisé qui a trouvé un terreau fertile parmi les exclus qu’a créés le capitalisme « .
Il ajoute: « Terroriste d’un jour, terroriste pour toujours. Mais à travers les témoignages de certains et certaines, nous avons constaté que le regret est plus ressenti chez les hommes que chez les femmes ».
Par ailleurs, Bassel Torjeman, analyste politique a souligné que la femme et le terrorisme n’est pas un facteur nouveau. Mais ce qu’il faut faire pour battre l’extrémisme, il faut changer la mentalité pour battre le terrorisme ».
Quelles sont les solutions au-delà de l’identification du phénomène? Il faut responsabiliser les parents et miser sur la prévention, c’est ce qui ressort du débat.