L’organisation de la Supercoupe entre La Juventus et l’AC Milan, en Arabie saoudite, où les supportrices italiennes non accompagnées seront interdites de stade, provoque une vive polémique dans la péninsule.
La « Supercoppa italiana » entre la Juventus et l’AC Milan devra se jouer le 16 janvier 2019 à Djeddah, en Arabie saoudite.
A noter que la Supercoupe d’Italie est régulièrement délocalisée. En 2016, la Juventus et l’AC Milan s’étaient affrontés à Doha, au Qatar.
Avant cela, les Etats-Unis, la Libye et la Chine avaient également accueilli cette prestigieuse compétition.
Stade interdit aux Tifose non accompagnées
Sauf que la Ligue de football italienne a mis le feu aux poudres en publiant les conditions de vente de 50.000 billets de cette finale : les supportrices italiennes ont constaté, avec stupeur, qu’elles ne pourraient assister au match que dans des tribunes réservées aux familles. Donc, forcément, elles doivent être accompagnées par un homme… de leurs familles selon la Chariaâ appliquée en Arabie saoudite.
Vague d’indignation
Et c’est le tollé y compris dans les rangs du gouvernement italien. Ainsi, Matteo Salvini, ministre de l’Intérieur, patron de la Ligue (extrême droite) et supporter inconditionnel du Milan AC dont il ne rate quasiment aucun match a déclaré que « la Supercoupe d’Italie se joue dans un pays islamique où les femmes ne peuvent aller au stade si elles ne sont pas accompagnées par des hommes… C’est triste et dégoûtant : moi, ce match je ne le regarderai pas ».
Même son de cloche de la part du secrétaire d’Etat à la Parité, Vincenzo Spadafora : « J’exprime mon désaccord le plus vif après la décision prise par la Ligue italienne de football de faire jouer cette finale à Jeddah. Il est inadmissible que le football italien fasse semblant de ne pas voir cette discrimination évidente », a-t-il martelé.
Pour sa part, le président de la Ligue de football a essayé de prendre à contre-pied l’indignation générale en soutenant que « bien au contraire, la présence de femmes au stade de Djeddah serait une première historique ».
« On se rappellera dans l’histoire de notre Supercoupe comme la première compétition internationale à laquelle les Saoudiennes auront pu assister dans un stade », a-t-il affirmé.
Timides « réformettes »
Notons que des femmes ont, en fait, déjà pu assister en 2018 à des matchs organisés en Arabie saoudite à l’occasion de la Ligue des Champions d’Asie de football.
Un certain nombre de réformes leur ont permis, pour la première fois en janvier 2018, d’entrer dans un stade de football pour suivre une rencontre.
Toutefois, elles doivent accéder à des tribunes réservées aux familles, à condition d’être accompagnées par un mahrem.
Rappelons enfin qu’Amnesty International avait déjà appelé au boycott de cette finale de la Supercoupe d’Italie, à la suite de l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi et de la situation des droits de l’Homme en Arabie saoudite.