Les propriétaires de commerce de Tunis devront désormais arabiser leur enseigne. Une décision qu’a validée la maire de Tunis Souad Abderrahim, lors d’une réunion du conseil municipal. Que pensent les Tunisiens ?
« Nous sommes un pays francophone et une destination touristique »
Amine Bouneoues, chroniqueur dans une radio exprime sa surprise. Il souligne : « Je ne suis pas choqué. Je m’attendais à ce genre d’annonce qui ne prend pas en compte le fait que nous sommes un pays francophone et une destination touristique. Personnellement, j’ai été à Taïwan et j’ai eu beaucoup de mal à avoir des renseignements, ne serait-ce que comprendre le menu d’un fast-food, car tout est écrit en chinois ».
Il poursuit : « Je suis scandalisé par les erreurs sur les pancartes. Sans oublier le silence des autorités municipales. A cela s’ajoute l’anarchie dans la mise en place des pancartes et les dépassements vis-à-vis de la loi. »
De son côté, Khawla Ben Aïcha, députée à l’ARP, n’a pas mâché ses mots. Elle déclare : « Je comprends la volonté de la mairie de vouloir appliquer la loi (dont d’ailleurs beaucoup doivent être revues ). Qu’elle veuille mettre à l’honneur la langue arabe, nous en sommes tous fiers. Mais je pense qu’il faut prendre en considération plusieurs autres facteurs et l’impact de cette action. »
Et de continuer : « Je pense que ce n’est pas cela qui va changer la vie des habitants de la ville et encore moins l’améliorer… La capitale est aussi l’une des villes les plus visitées par les touristes, nous la voulons cosmopolite, accessible, propre. Et arabiser les noms des enseignes ne va pas forcément leur être avantageux… »
Quelles sont les solutions à préconiser ?
A cette question, elle a répondu : « ll faut que les décisions municipales s’inscrivent dans le cadre d’une vision globale : comment voulons-nous que nos villes soient touristiques , écologiques, accentuer le côté historique, moderne, technologique… ? Quelle image voulons-nous en donner ? Quelles sont les étapes pour y arriver ? Les principaux acteurs ? Les principaux changements à opérer ? Dans quel ordre ? »
Elle conclut : « Il faut arrêter les prises de décisions hâtives, non étudiées, visant un effet médiatique immédiat, sans penser à l’utilité et à la pérennité… »
Soulevant un tollé sur les réseaux sociaux, les internautes se sont mis à cœur joie d’arabiser certaines enseignes. Si jamais elles étaient arabisées, tout le sens du mot changerait.