Une grève générale d’une journée est décrétée à l’appel de l’UGTT. Cette grève paralyse ce jeudi les trafics aérien, ferroviaire et routier.
En effet, elle fait suite à l’échec des négociations salariales entre l’UGTT et le gouvernement tunisien. La grève concerne les fonctionnaires et les salariés des entreprises publiques, soit le quart de la population active.
Ainsi, dans toute la Tunisie, les écoles publiques sont fermées. Les transports en commun paralysés et les vols de Tunisair perturbés.
Mais si la grève générale est très suivie en Tunisie, elle ne l’est pas moins à l’étranger et surtout en France.
En témoigne l’article publié sur le site du Monde. Il s’intitule : « En Tunisie, grève générale de 24 heures dans le secteur public ». Y est fait état du contexte politique tendu de ce début d’année électorale.
D’ailleurs, « la grève de jeudi est la première de ce type, selon l’UGTT et des historiens. Elle touche à la fois la fonction publique et les entreprises publiques. Elle intervient alors que le débat politique s’est crispé ces derniers mois à l’approche des élections législatives et présidentielle prévues fin 2019, dans lesquelles l’UGTT souhaite peser ».
Et « le syndicat réclame des augmentations de salaires plus importantes que les 70 dinars (20 euros) pour 2019 et 110 dinars (32 euros) pour 2020 proposés par le gouvernement », suite à la baisse du pouvoir d’achat due à l’inflation (7,5% en 2018).
Cependant, les augmentations demandées par l’UGTT servent-elles réellement au pouvoir d’achat du fonctionnaire tunisien? Ou le syndicat essaye-t-il de prouver sa force face au chef du Gouvernement Youssef Chahed?
Car le premier ministre, dans son discours télévisé du mercredi, affirme que l’état des finances publiques du pays ne lui permet pas d’accepter les demandes de l’UGTT.
En effet, le pays a dû demander un prêt de 2,4 milliards d’euros sur quatre ans en 2016 auprès du FMI, pour se maintenir à flot. Il a pu obtenir ce prêt après avoir convaincu le FMI qu’il mènerait de vastes réformes. Réformes visant à diminuer l’endettement public, par la baisse du poids de la fonction publique qui représente 14% du PIB.
Ce sentiment de désespoir risque de se faire entendre aux prochaines élections!
D’après le journaliste de RFI, Aabla Jounaidi, dans son article « Aujourd’hui l’économie : Tunisie huit ans pour rien? », c’est un constat d’échec des gouvernements qui se sont succédé depuis huit ans.
Et, « pour beaucoup de Tunisiens, la situation économique et sociale ne s’est pas améliorée depuis 2011. Elle a même empiré. Aujourd’hui, le pays fait face à une inflation record qui frôle les 8%. Le dinar, a perdu la moitié de sa valeur ces quatre dernières années. Tout augmente et dans les magasins, de nombreux produits ont disparu. Le chômage, lui culmine à 15%: il est deux fois plus dans les régions déshéritées de l’intérieur où s’est enclenchée la révolution. »
Ainsi, Aabla Jounaidi conclut qu’aucun gouvernement depuis 2011 n’ose faire les réformes de fond nécessaires; notamment celles du marché du travail et de la fiscalité. Des réformes jugées complexes.
Enfin, ce bras de fer entre l’UGTT et le gouvernement aura des conséquences négatives sur les prochaines élections. Les Tunisiens ne croient plus au changement et d’après Aabla Jounaidi « ce désespoir risque de se faire entendre de plus en plus fort à l’approche des élections présidentielle et législative de novembre prochain ».