«BCT : quelle vision et quelles réformes pour redresser l’économie du pays ?», tel est le thème du déjeuner-débat organisé, aujourd’hui, par Alumni IHEC Carthage. A cette occasion, Marouane El Abassi, Gouverneur de la BCT, a dressé un état des lieux de la situation économique et des solutions de relance.
A cet égard, le gouverneur a annoncé que dès qu’il a été nommé à la tête de la BCT, le 17 février 2017, il s’est retrouvé face à une question fondamentale, celle des discussions avec les équipes du FMI. Sur le plan macroéconomique, le dossier de la Tunisie n’était pas soutenable au niveau du FMI.
Mais ils l’ont accepté parce que la Tunisie est un pays important pour eux. Et ce, en donnant à la Tunisie deux signaux importants : bien que notre dossier ne soit pas soutenable, le FMI fera l’effort de l’accepter mais c’est bien la dernière fois. Il a également décidé d’instaurer des revues de trois mois au lieu de six mois comme auparavant, avec une baisse des interventions en faveur de la Tunisie. D’ailleurs pour la première fois les Américains n’ont pas voté en faveur de la Tunisie.
N’empêche que les revues des mois de juin et septembre se sont bien passés. Grâce à la bonne coordination entre les équipes du FMI, la BCT et les ministères concernés par les réformes de relance.
Aujourd’hui, puisqu’il y a des négociations salariales et il y a eu cette discussion sur la non augmentation des salaires pendant les années 2018, 2019 et 2020, on est en situation de « wait and see ». Cette situation n’est pas favorable pour la BCT, parce que les marchés peuvent être touchés et la crainte des investisseurs va s’aggraver.
En outre, Marouane El Abassi a rappelé que la BCT a opté pour une augmentation du taux d’intérêt directeur à deux reprises, soit de 75 et de 100 points. A ce niveau, il a affirmé que ce qui compte pour la BCT c’est la stabilité des prix et par conséquent la stabilité financière. Dans ces conditions, au lieu de la croissance c’est l’inflation qui était favorisée. En effet, de 5% en février 2017, cette dernière a atteint 7,5% sur l’année 2018.
Parallèlement, il y avait un taux d’intérêt réel négatif de 200 points de base et une politique monétaire très accommodante. Sachant que, pendant les trois dernières années, les banques ne faisaient pas, selon ses dires, leur travail réel. Celui de collecter des dépôts pour donner des crédits créateurs de valeur.
Afin de corriger le tir, la BCT a commencé par la suite à travailler sur d’autres dossiers de relance, dont la réforme du code des changes. Aujourd’hui, la politique monétaire est devenue, selon M. El Abassi, moins accommodante et on est même sur la bonne voie. Reste toujours le problème de liquidité, et ce, parce qu’il n’y a plus d’épargne notamment avec la dépréciation du dinar.
Que faut-il faire ?
Pour relancer l’économie, le gouverneur a préconisé de se lancer dans le Decashing, nouvelle stratégie de la BCT. A cet égard, la BCT a envoyé une circulaire aux établissements de paiement. Il s’agit, selon lui, d’un jalon extrêmement important dans la logique du Decashing au niveau de l’économie.
Il a préconisé également d’agir dans les secteurs du tourisme, du transport international, et de l’agriculture…Et puisqu’il y a un problème de déficit extérieur, il faut aller vers les solutions concrètes. Dans ce sens, la question des paiements en dollars et en euros a été gérée au niveau de la BCT. Mais il n’y a pas d’offres exportables et pas de réactivité.
Au final, notre interlocuteur a affirmé que l’économie digitale est fondamentale pour relancer le pays. La BCT est prête d’aller très loin dans cette économie. En fait, la BCT a publié une circulaire sur l’assouplissement de paiement. Une deuxième circulaire sur la partie change du Startup Act sera signé demain. Cette dernière permettra d’augmenter le plafond de la carte technologique internationale de 10 à 100 mille dinars.