Le tout nouveau livre de Hachemi Alaya vient enrichir la bibliothèque économique tunisienne. Intitulé « Le modèle tunisien : refondre l’économie pour sauver la démocratie », ce livre a tenté de répondre à des questions liées à la crise à la quelle face la Tunisie d’aujourd’hui. Le nouveau livre de Hachemi Alaya est édité par Les éditions Arabesques.
D’où vient cette crise qui traîne en longueur depuis maintenant plus d’une dizaine d’années ? Une crise qui a pointé son nez dès l’éclatement de la crise économique et financière mondiale en 2007-2008 et qui a été considérablement amplifiée par les errements et les bévues de la nouvelle classe politique qui a émergé après la Révolution de 2010-2011. Qui faut-il incriminer ? Comment s’en sortir ? C’est à ces questions et à bien d’autres que ce Kitab tente de répondre.
La conviction de Hachemi Alaya est que la crise tunisienne est fondamentalement une crise d’inadaptation et d’inadéquation de son modèle économique à la complexité d’une économie désormais largement imbriquée dans l’économie mondiale, à l’irruption des technologies numériques qui ont déjà largement chamboulé les économies du Monde, aux nouvelles règles du jeu économique et enfin, aux aspirations et attentes d’une société tunisienne qui a considérablement changé au cours du dernier demi siècle. Un modèle économique qui a été élaboré dans les premières années qui ont suivi l’indépendance du pays, qui repose sur une philosophie politique, des valeurs, des institutions et des mécanismes qui étaient déjà en crise à la fin des années 1980.
En vérité, c’est une Tunisie incapable d’appréhender les causes profondes de sa dégénérescence et les mutations disruptives du monde qui l’entoure, qui s’obstine à assumer les conséquences logiques de son appétence pour la liberté et la dignité. C’est une Tunisie malade dans ce qui est son principe fondateur-unificateur et dans ce qui fait son identité, son l’État et son modèle social-bureaucratique. Un État considérablement fragilisé qui ne cesse de creuser le trou dans lequel s’enfonce le pays. La Tunisie n’arrive pas à s’approprier une idée pourtant simple sans laquelle elle n’a aucune chance de s’en sortir : la révolution politique et le choix de la liberté impliquent une transformation au moins aussi radicale de son système économique et social. Un modèle conçu et mis en place par la démocrature pour lui permettre essentiellement d’assurer sa durabilité et la pérennité de son emprise sur le pays est incompatible avec une société fondée sur la liberté. En un mot, la crise tunisienne est une crise d’intelligibilité.
Pour Hachemi Alaya, l’économie tunisienne est malade de son modèle économique. Elle ne peut espérer se tirer de la crise qu’en consentant à l’effort de le transformer radicalement.
Accomplir au plan économique ce qu’elle a réussi dans le champ politique. Oui mais, comment l’expliquer ? Comment expliquer que c’est l’État tunisien l’incarnation même de la Tunisie et de son identité, celui qui a tant fait pour la sortir du sous-développement, qui est devenu aujourd’hui le problème ? Comment expliquer que le Nouvel Etat Indépendant est devenu aujourd’hui un mécanisme de destruction de la richesse nationale au nom de l’égalité et de la protection des pauvres ? Comment démystifier le rôle économique de l’Etat sans encourir le risque d’être laudateur de cette « horreur économique » pour le Tunisien qu’est toute allusion à une économie fondée sur la liberté ? Comment stigmatiser le modèle social-bureaucratique actuel sans s’exposer à la critique et, plus préoccupant pour Hachemi Alaya, le rejet des mécanismes de l’économie de marché ?
Autant de questions et bien d’autres telles que, comment transformer la Tunisie et l’aider à sortir de la crise la plus grave qu’elle ait connue dans son histoire contemporaine ? Quelle est la part de la mythologie qui fonde encore le modèle économique tunisien qu’il faut conserver et celle qu’il faudra changer ? Comment concilier libertés politiques et libertés économiques sans aggraver les inégalités sociales ? Comment concilier l’impératif d’efficacité et d’efficience avec l’impératif de justice sociale ?
C’est tout l’objet de ce livre que de prendre à bras le corps ces questions cruciales et d’essayer de les éclairer en sollicitant l’histoire, la psychosociologie, la politique, l’économie… avec pour seuls principes directeurs, l’honnêteté scientifique et la prise en compte des leçons de l’histoire et des expériences des pays qui ont réussi à émerger.
Ce livre se veut une contribution pour l’établissement d’un vrai diagnostic et l’initiation d’un vrai débat public tant il est vrai que la base d’une thérapie efficace est un diagnostic correct et un dialogue sérieux qui va au fond des problèmes. Ce livre se veut une participation à l’angoisse légitime de la population face à la panne de croissance, à l’explosion du chômage et la faillite financière qui menace. Son but est d’éclairer les Tunisiens ainsi que tous ceux qui aspirent à exercer des responsabilités dans la gestion des affaires nationales, et de les inviter à aller au delà du simplisme de la recherche de la mesure miracle ou des faux espoirs nourris par les demi-mesures de replâtrage que les politiques s’évertuent à claironner comme autant de réformes salvatrices, ou pire encore, se lover dans l’attentisme béat avec l’espoir que tout finira par rentrer dans l’ordre.
A chacun d’approuver ou de refuser le diagnostic de ce livre. Il est très simple. La société libre et juste à laquelle aspire le Tunisien ne peut se concevoir que comme une société qui respecte la liberté individuelle, l’initiative entrepreneuriale et les compétences. Le capitalisme tunisien qui fut tantôt un capitalisme partisan, tantôt un capitalisme de connivence, tantôt un capitalisme de rapine et de clan, n’a jamais été un capitalisme de talents et de concurrence saine et loyale, ouvert à toutes les catégories de la population.
Et enfin, que le rôle économique de l’État tunisien doit être entièrement repensé car il est devenu aujourd’hui nuisible même lorsqu’il prétend aider, subventionner et encourager. Le rôle de l’État à l’avenir, ne sera ni de produire, ni de distribuer, ni de transporter des produits et services, fussent-il stratégiques, mais de tout faire pour donner leurs chances à tous les citoyens et pour donner une vie décente aux catégories pauvres.
Hachemi Alaya est ancien élève diplômé de l’ENSAE-PARIS, Docteur d’Etat ès-sciences économiques de l’Université de PARIS I –La Sorbonne et Agrégé de sciences économiques sous la présidence du professeur Raymond Barre.
Il a été Doyen-fondateur de la Faculté des sciences économiques & de gestion de Sfax, Membre du Conseil économique & social de Tunisie, Membre du Conseil National du Crédit de Tunisie, intervenant en tant que Conseiller économiste auprès du Gouvernement de la Banque centrale de Tunisie, dans les travaux préparatoires de la réformes financière des années 1980’, Doyen de la Faculté des sciences économiques & de gestion de Tunis, Président de l’Université de TUNIS III, Président-Directeur général de l’Agence de promotion de l’Investissement & de l’Innovation (APII) et promoteur du concept de « Guichet unique », Doyen et académicien membre de l’équipe fondatrice de l’Université Internationale SENGHOR à Alexandrie d’Egypte, Membre de l’Academic Council de l’Euro-Arab Management School à GRENADE en Espagne, Directeur Général de l’IFID et Conseiller du Ministre des finances
Hachemi Alaya est l’auteur de plusieurs ouvrages et d’études stratégiques dont :
- L’économie tunisienne : Réalités & voies d’avenir ; Ed. Afkar Wa Ichhar 1989
- Monnaie & financement en Tunisie ; Ed. Cérès-Productions 1991
- Les nouvelles règles du jeu économique en Tunisie ; Ed. CPU 1992
- Le Budget tunisien à l’horizon 2010 ; Etude stratégique 1996
- La monnaie-finance dans une économie en mutation ; Ed. CPU 2001
- La Tunisie à l’horizon 2030 ; ITES-PNUD
- Actuellement, Président – Fondateur du Think tank TEMA et auteur de la lettre hebdomadaire, Ecoweek.