Insultes et violences verbales et physiques au Parlement, accusations sans fondement d’un ancien chef d’Etat à l’endroit d’un pays frère, manipulations sur les réseaux sociaux et rumeurs sur le décès d’un ancien Premier ministre : les mœurs politiques de la Tunisie post-révolutionnaire sont parties en vrille.
Ainsi vont les choses dans cette Tunisie post-révolutionnaire. Réuni, le 21 janvier 2019, le Bureau de l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) a cru utile de signer un communiqué dans lequel il siffle la fin de la récréation. D’ailleurs la Constituante, élue en 2011, n’était pas non plus un modèle de bonnes manières.
Les propos peu amènes et les disputes teintées de violence verbales et physiques du 16 janvier 2019 ne pouvaient du reste passer inaperçus. Beaucoup de nos concitoyens ont jugé à cette occasion que certains députés ont sans doute passé les bornes.
Dépasser les limites, le Tunisien a en quelque sorte pris le pli de vivre avec. Et ce, de la part de tout le personnel politique qui transgresse des règles de bienséance qui ont toujours prévalu dans un pays dont l’essentiel de la population a fait de la quête permanente du respect et de l’entente des règles de vie.
Et pourtant, pas plus tard que le dimanche 20 janvier 2019, un ancien chef d’Etat, Mohamed Moncef Marzouki, ne s’est pas privé de traiter certains de ses concitoyens d’indicateurs de police « Sababa ». S’attaquer aux responsables de son pays, à commencer par le président de la République, comme il l’a fait sur la chaîne Hannibal Tv, n’est pas de ce fait bien étonnant.
Sans la moindre preuve
Idem lorsqu’il s’agit de pays étrangers. Les Emirats Arabes Unis, où résident de nombreux coopérants tunisiens, un pays qui a du reste toujours entretenu des relations exemplaires avec la Tunisie, a été ainsi accusé de porter atteinte à la sécurité de la Tunisie.
Comment comprendre ainsi les accusations quant au fait que ce pays arabe aurait dirigé du temps où Mohamed Moncef Marzouki présidait « provisoirement » aux destinées de l’Etat, la cellule anti-révolutionnaire. Des propos qui sont tenus évidemment sans la moindre preuve. Le chef de l’Etat imite ainsi ces accusations d’illustres inconnus sur les réseaux sociaux, souvent le fait de manipulateurs sans scrupules.
Les transgressions de l’ancien président n’ont pas épargné nos voisins maghrébins. Dans un livre référence sur l’héritage de la « Troïka » (2011-2013), l’universitaire tunisien spécialiste de l’histoire contemporaine, Fethi Lasir, « Dawlet Al Houet » (L’Etat des amateurs) montre comment par deux fois (en janvier et en juillet 2012), Mohamed Moncef Marzouki a manqué de discernement à l’égard de l’Algérie et du Maroc (Dar Mohamed Ali pour l’édition, 2016, 488 pages).
Souvenez-vous, quand il avait, en janvier 2012, lors d’un voyage en Libye, reproché au pouvoir en place en Algérie dans les années quatre-vingt dix d’avoir refusé la victoire du Front Islamique du Salut (FIS) aux législatives, ce qui avait plongé le pays dans la violence.
Pervertir le vécu politique
Autre gaffe, mais cette fois à l’égard du Maroc lorqsqu’ il avait déclaré le 25 juillet 2012 que « la royauté n’est pas synonyme de vie démocratique ». Et ce, en présence de l’ambassadeur du Maroc, Néjib Zerouali.
Autre époque, autres mœurs, Hatem Ben Salem, ministre de l’Education, a souligné, le 22 janvier 2019, dans une intervention sur « Al Hiwar Ettounsi », qu’il a constaté à sa prise de fonction que des fonctionnaires de son ministère géraient de faux profils sur Facebook. Evidemment pas pour prêcher la bonne parole.
Dimanche 20 janvier 2019 une rumeur avait circulé fortement sur les réseaux sociaux annonçant le décès de l’ancien Premier ministre, Mohamed Gannouchi. Une annonce qui a été rapidement démentie.
Observons, à ce propos, qu’ annoncer la mort de quelqu’un encore en vie donne toute la preuve que certains sont prêts à tout pour pervertir le vécu politique !