Donner de l’espoir aux jeunes. Cela permet d’avancer pour voir une autre Tunisie, loin du pessimisme régnant. Une Tunisie qui se construit et qui avance. Tels sont les mots d’ordre, à l’issue de la rencontre entre les représentants des associations lauréates du programme Jeunesse Solidaire en Méditerranée des différentes régions.
L’événement est organisé par l’Association des Tunisiens des grandes écoles (ATUGE). A travers leurs témoignages, ce sont des hommes et des femmes qui portent des projets innovants et donnent un nouveau sens à leur vie. Et oui, ils et elles ont décidé de refuser la fatalité et de prendre leur avenir en main. Des femmes isolées sans revenus, développent une formule de boulangerie ambulante. Alors que d’autres misent sur l’agriculture durable. Une autre jeune femme agronome choisit de revenir sur sa terre natale pour s’adonner à une activité maraîchère. Un point qui les unit : joindre leurs efforts et réaliser leurs objectifs. Les mêmes objectifs et les mêmes préoccupations, chacun dans sa région.
En clair, la nécessité de créer une nouvelle dynamique au sein de la jeunesse tunisienne. Celle d’impliquer un plus grand nombre de jeunes, épris d’initiatives citoyennes et associatives.
« Les jeunes ont plus conscience qu’en essayant de trouver des solutions ils ont plus de poids », renchérit Amina Dakkem, membre de l’association “Dar Zarzis”. Elle croit profondément à son projet web radio « Mouja fm » appelée à devenir « la voix des jeunes ». Une radio qui a été créée, après 2011 et dont l’objectif est de sensibiliser les jeunes quant au danger de l’immigration clandestine.
Mobiliser un maximum de jeunes
Elle nous confie : « On essaye de mobiliser un maximum de jeunes pour les faire croire de nouveau à l’engagement citoyen. Mais plus encore, les faire participer et les encourager à devenir leurs propres entrepreneurs. Au lieu de quitter le pays en pensant qu’un nouvel Eldorado existe ailleurs. Alors que chacun de nous peut faire des miracles à partir de son poste. »
Trois familles sur cinq émigrent d’une façon légale ou illégale
Elle rappelle que trois familles sur cinq quittent le pays d’une façon légale ou illégale. Elle précise : « L’immigration est un phénomène mondial. A travers la webradio, nous avons tenté de savoir ce qui pousse les jeunes à immigrer. La plupart a répondu qu’ils sont à la quête d’un sens pour leur vie. Alors que pour certains, il y a la comparaison avec un proche de la famille. » « Je veux être comme tel ou un tel qui est parti et qui est revenu avec une voiture », affirment certains.
En somme, le programme « Méditerranée, d’une rive à l’autre » ouvre la voie à l’inclusion sociale et économique des jeunes, à ancrer la culture citoyenne et participer dans la construction d’une nouvelle Tunisie. Pour Rym El Hamadi, vice-présidente de l’Atuge chargée de la communication, il s’agit de « créer des emplois et renforcer l’esprit de citoyenneté chez les jeunes ».
Cela dit, même si tout n’est pas rose au début, faute de moyens et d’opportunités, une grande partie des jeunes Tunisiens des régions intérieures ne s’est pas laissé abattre, mais bien au contraire, s’est imposée.
Le programme de la Fondation de France pour une meilleure inclusion sociale des jeunes
Trouver des solutions est possible. C’est ce qu’ont affirmé les 14 associations lauréates du programme de la Fondation de France.
Safia Ben Salem de Kébili, membre-fondateur de l’association Formation des jeunes en matière de développement local, met l’accent sur la contribution à une meilleure inclusion sociale des jeunes et sur le resserrement des inégalités régionales.
Sur le plan culturel, l’association Apollon mise sur le théâtre de rue ou ce qu’on appelle le street art. « Les membres se sont donné pour mission de renforcer le leadership de la jeunesse et de pérenniser le métier d’artiste », souligne Rihem Sallem, coordinatrice du projet.
Ce sont toutes des actions de jeunes Tunisiens qui ont ressuscité, in concreto, l’engagement « citoyen » dont la Tunisie a véritablement besoin.